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vendredi 17 juin 2016

Chronique 2016 : Je veux croire en l'Europe

Avant propos de la chronique : 
Le 16 juin 2016, Jo Cox, une députée britannique en faveur du maintient de la Grande-Bretagne dans l'union européenne est assassinée. L'Europe traverse des heures sombres et inquiétantes. Dans un désir malsain de frontières, de peur de l'autre et de repli sur soi, l'Europe renie t-elle ses valeurs ? N'est-elle pas la seule fautive de sa décadence ? Les événements de ces derniers jours m'ont poussé à écrire cette chronique. 

  

« Messieurs, je le dis en terminant, et que cette pensée nous encourage, ce n’est pas d’aujourd’hui que le genre humain est en marche dans cette voie providentielle. Dans notre vieille Europe, l’Angleterre a fait le premier pas, et par son exemple séculaire elle a dit aux peuples : Vous êtes libres ! La France a fait le second pas, et elle a dit aux peuples : Vous êtes souverains ! Maintenant faisons le troisième pas, tous ensemble, France-Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, Europe, Amérique. Disons aux peuples : Vous êtes frères ! » Victor Hugo, congrès de la paix, août 1849.   

Jeudi 16 Juin 2016, 

Hugo croyait profondément en l’Europe des nations. Il avait foi en un avenir serein et plein de promesses. Il est vrai que l’Europe a fini par éclore, bien après lui malheureusement, mais c’est-elle fondée sur ses espoirs et ses attentes ? 

Personne n’oubliera que deux guerres sont venues affaiblir les rêves d’Hugo. Mais ses aspirations et ses discours ne furent pas partagés en vain, car j’ai eu la chance de faire partie de la « génération européenne ». J’ai vu les derniers remparts de la guerre froide s’effondrer. J’ai vu les peuples se rassembler, les frontières s’ouvrir, la France et l’Angleterre créer un tunnel pour se rapprocher. J’ai même vu la France et l’Allemagne se tenir à nouveau la main et l’Espagne croire enfin en des lendemains meilleurs après la dictature.

Après tant de chemins fait main dans la main, tant de symboles emportés par les peuples pour les peuples, l’Europe semblait solide, forte, protectrice, belle et remplie de valeur. J’ai grandi sous ces symboles, je ne peux que les chérir, ils sont inscrit dans ma chair parce que comme le souhaitait Hugo, je suis devenu Européen. 

Mais qu’est devenu l’Europe ? aujourd’hui et à mon grand regret, l’Europe est sourde. Elle n’écoute plus ses peuples… Elle les oublie. Elle ne parle que de marchés, de capitaux, d’endettement, d’austérité et de banque centrale. L’Europe n’est plus une nation unie, c’est une agence bancaire qui a fini par renier les rêves de l’un de ses créateurs : Le peuple est libre, le peuple est souverain. L’Europe n’interroge plus les siens, elle impose. L’Europe ne rassemble plus les siens, elle les oppose. 

Face à ces tourments, les extrêmes montent, se réveillent, s’emparent de l’Europe pour mieux la détruire. Les peuples l’abandonnent, se détournent d’elle et partent dans les bras de parties obscures rêvant de frontières et d’identités. Comme j’aimerai que mon Europe renaisse de ses cendres, tel un beau phoenix, avant qu’il ne soit trop tard. Mais l’Europe reste sourde et continue de compter ses liasses au lieu d’offrir une vision à ses peuples. 

Aujourd’hui, et pour la première fois, j’ai peur. L’Angleterre emporté par un vent de contestation, s’apprête à remettre en cause sa place dans l’Europe. L’Angleterre si chère à Hugo, l’Angleterre si chère à mon coeur. Je n’en avais jamais vraiment douté : les britanniques sont mes frères. Je les ai toujours vu à nos cotés. Dans les heures les plus sombres de la guerre et dans les jours les plus heureux de la construction européenne. Les perdre serait un déchirement et serait LA faute… De l’Europe. 

L’Europe mesure t-elle l’ampleur de ce qui est en train de se produire ? Le départ des anglais sera la porte ouverte aux idées les plus nauséabondes… Ces idées qui pullulent déjà en France, en Autriche, en Grèce, en Pologne… Ces idées qui nécrosent peu à peu nos valeurs, nos ressemblances et nos accomplissements. Où est l’Europe ? Que fait-elle ? Va t-elle enfin nous parler ? Et pourquoi je parle d’elle comme d’une étrangère alors qu’elle est ma Patrie ? Moi qui lui ai donné tous mes espoirs. 

Aujourd’hui, une députée britannique a été abattue en pleine rue, lâchement, après un meeting pour le maintien de l’Angleterre dans l’union. Mon chagrin accompagne les proches et particulièrement les enfants de Jo Cox. Comment peut on, aujourd’hui, en 2016, après des siècles de combats européens, mourrir pour le simple fait de croire en l’Europe ?

Où sont les espoirs d’Hugo ? Où est passé son Europe ? A t-elle véritablement existé ? Ne me dites pas que je vais vivre également la fin de l’union de nos pays ! 

Je refuse de croire que tout cela n’était qu’une chimère, je veux croire encore à l’Europe… Pas l’Europe des marchés, pas l’Europe des mensonges et des silences… L’Europe des peuples. Et pour la mémoire de Jo Cox, je veux encore croire en l’Angleterre.         

2 commentaires:

  1. Je suis trop jeune pour me souvenir des débats pour l'Europe, mais de mon point de vue pour avoir une vraie Europe au sens large du terme il aurait fallu aborder le projet autrement que par le côté financier.
    Il y a tellement d'écart de niveau de vie entre les pays européens qu'il fallait surement s'attendre un jour ou l'autre que la monnaie unique cause des dommages irréversibles dans les habitudes de chacun.
    Le projet européen en soi est très humaniste, rapprocher autant de pays si différents culturellement sous une seule bannière il y a de quoi laisser rêver sur un avenir où tout le monde se tient main dans la main pour affronter les difficultés de la vie.

    Peut-être que ce projet verra le jour où se sera le peuple qui prendra les choses en mains, et non les politiques. Franchement quand je les regarde j'ai l'impression de voir un documentaire de National Geographic sur une meute de lions affamés se disputant une carcasse de gnou...

    Il faut croire en l'Europe, je dirais même qu'il faut croire en un Monde uni...mais il y a trop de haine et de division sur cette planète.
    Quand je lis ton texte de Victor Hugo qui nous montre une Angleterre pré-curseur d'une ère de paix sur le continent européen, je me demande si actuellement en quittant l'idéologie Européenne elle n'est pas aussi en avance sur son temps. Guérir le mal par le mal, sortir de l'Europe pour faire réfléchir les autres...Ils avaient d'ailleurs bien compris les dangers de la monnaie unique.
    Cela ne justifie en rien un assassinat...je trouve juste dommage de prouver une fois de plus que l'être humain actuel est tellement enlisé dans ses frontières qu'il n'est même plus capable de vivre en communauté avec ses pairs.

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    1. J'ai de toute façon vraiment foi dans le fait que les Hommes trouveront eux même la clé de demain sans l'aide de la politique. La politique d'ailleurs à mon sens aujourd'hui n'existe plus. Les Etats sont à la merci des marchés et des multinationales. J'ai espoir que les gens construisent eux mêmes la société de demain, plus juste et écologique. Ce virage commence à se mettre en place... J'espère juste que le monde qui s'écroule (les capitalistes) arrêteront nous mettre des bâtons dans les roues.

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