L’Art est avant tout l’héritage d’un travail amoureux… Mais il est aussi la métaphore, le miroir et le cœur de ce sentiment complexe. Car comme il existe un Art à l’Amour, il existe un Amour pour l’art. L’art… sa peinture, sa mélodie, sa prose, trouve une consécration dans la contemplation de l’amour. L’amour… Son baiser, sa fougue, sa folie, ne s’explique qu’entre les lignes sinueuses d’un art pour la vie.
J’entends souvent dire que l’artiste doit vivre d’amour pour créer son entreprise poétique… Pourtant je ne connais pas un seul artiste qui ne soit pas solitaire et sans encrage. Ils fuient ce sentiment qui les fascine autant qu’il les effraie. Même si je porte toujours en moi l’amour de mes proches… Ma famille, mes amis… Je puise mon art dans le néant et le manque… D’amour. Je les observe tellement souvent, ces gens qui s’aiment… ces baisers fragiles, ces caresses éphémères, ces mains liés qui s’agrippent l’une à l’autre. Elles sont dans la fuite elles aussi… Mais la fuite de quoi ?...
Celle de solitude, celle que je trimballe chaque jour dans mes baskets, celle qui m’oblige à écouter de la musique dans le métro, celle qui plante une cuillère dans un pot de Ben & Jerry’s pour affronter une comédie romantique ou celle encore, qui délaisse une absence froide sur mes draps la nuit…
Pourtant comme de nombreux amoureux d’écriture, je suis totalement sous le charme de la solitude. Elle m’a permis ironiquement de ne pas être seul… De vivre dans un imaginaire qui ne me quitte jamais. De passer de folle nuit blanche exaltante, entremêlant mon corps à des verbes indomptables, transmettant tout mon cœur jusqu’au creux de mes mains afin d’oublier que dans cette réalité, je ne vis l’amour qu’ à travers des personnages fictifs.
Je pense qu’en vérité l’amour n’est pas l’unique pilier de l’art… il en est le fruit certes, mais certainement pas la source. Un artiste amoureux est-il un artiste qui s’efface ? Pourquoi lorsque l’artiste aime, l’inspiration s’enfuit à tire d’aile ? Comme tout le monde j’ai essayé pourtant…
Il fut un temps où j’ai tenté d’offrir mon cœur... Mais étrangement je n’étais pas totalement moi-même. Je n’étais pas totalement amoureux… De la vie comme je pouvais l’imaginais… J’échouais sans cesse… Alors j’ai abandonnais…
Si l’Art m’a permis d’écrire l’amour, il ne m’a en revanche toujours pas montré la voie pour le vivre… J’admire ceux qui savent vivre à deux, ceux qui savent compter sur un autre… J’aimerai tellement avoir l’art d’aimer comme eux. Mais suis-je vraiment fait pour aimer ?… C’est tellement difficile d’y arriver sans renier ses valeurs...
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