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samedi 26 mai 2018

Chronique 2018 : Le chant des huards

Avant propos de la chronique : 
Avec toute ma classe, nous sommes partis en voyage de pêche. Ce voyage annonce grandement la fin de cette année en "Protection Exploitation de Territoires Fauniques". Ce soir, nos professeurs sont venus partager un repas et un dernier moment de convivialité. Les premières séparations difficiles commencent à poindre le bout de leur nez. Seuls autour du feu cette nuit, Xavier, Jérémy et moi, nous contentons d'écouter le chant des huards... 


Quelque chose s’achève ce soir, autour du feu avec Xavier et Jerémy, nous évoquons nos souvenirs et ce voyage qui nous a tant transformé. La forêt est pourtant restée la même. Elle a gardé la même force, le même regard sur nous. En revanche le mien a changé. Alors, pour contenir ma peine, j’écoute le chant des huards. 

La soirée fut tellement belle, pleine de sourires et de partages. Mais les premiers adieux sont venus s’immiscer dans le bois cette nuit. Oui, quelque chose s’achève, pourtant la forêt reste la même. Même force, même regard. En revanche le notre s’est embué de larmes. Alors, pour contenir ma peine, j’écoute le chant des huards. 

La forêt est belle lorsque l’on brave la nuit avec elle. Se laissant aveugler par le feu qui danse sur quelques bûches rougeâtre, contemplant la lune et ses étoiles qui semblent venir se mirer dans les eaux calmes d'un fleuve. La forêt m’a fait grandir, elle m’a donné sa force et son regard. Elle m’a offert le chant des huards. 

Il n’y a pas de plus beaux chants que celui-ci. Cette mélodie qui vous appelle au fil de l’eau. Des notes harmonieuses à mi-chemin entre la mélancolie et le renouveau. Le chants des huards épouse avec élégance le son des quelques vagues qui viennent frapper nos embarcations immobiles. Il résonne jusque dans les bois et s’invite autour de notre feu où des rires éphémères sont revenus.

J’ai la sensation que ces derniers instants m’échappent et s’éloignent de plus en plus vite… M’empêchant de savourer, de profiter. Cette sensation d’une corde trop lourde qui glisse et vous brûle les mains sans avoir une quelconque emprise. Je réalise que c’est surement le dernier feu que je partage avec mes camarades. Je ne suis pas le seul à en prendre conscience. Je le lis aisément dans les yeux de Xavier et Jérémy. 

Je donnerai tout pour que ce feu ne s’éteigne jamais… Que le soleil ne revienne pas. Je voudrais rester caché dans cette forêt, Je voudrais continuer à me nourrir de sa force et sentir son regard sur moi. J’aimerai oublier le monde et que le monde m’oublie. Je voudrai qu’il n’y ai pas d’adieux et pas de changements. Alors, pour nier ce qui s’en vient, j’écoute le chant des huards. 

Je l’écoute avec attention. Chaque note, pour ne jamais les oublier. Pour avoir la sensation de les graver sur mon coeur. Pour m’assurer que cette ritournelle nocturne qui m’inspire tant repartira dans mes valises. Je donnerai tout pour que le feu qui nous a si souvent rassemblé ne s’éteigne jamais. Mais je n’aurai jamais d’emprise sur cette forêt nocturne. Elle m’offre le chant des huards… Et c’est déjà beaucoup.   

2 commentaires:

  1. wow ! là je dois te le dire c'est vraiment ton plus beau texte. J'en ai les larmes aux yeux ! MERCI

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    1. Merci beaucoup Lola. A dire vrai je pleurais moi même en l'écrivant. (et c'est très rare)

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