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dimanche 20 mai 2018

Chronique 2018 : Et s’en vient le redoux

Avant propos de la chronique : 
Les paysages changent petit à petit. L'hiver semble faiblir. Le mois de Mars 2018 s'achève, j'observe La Tuque qui se transforme peu à peu. Etrangement, j'ai le coeur lourd de voir l'hiver perdre de sa force. Le redoux annonce un départ prochain que je n'ai pas vraiment envie de voir arriver... 



Depuis quelques jours déjà, les rues de La Tuque ont changés. La neige est devenue lourde, pesante. Les forêts d’épinettes ont abandonnées leur manteau blanc. On dirait qu’il se trame quelque chose par ici… Moi qui pensais notre hiver fort et robuste, le voilà qui file, nous abandonne peu à peu… Et s’en vient le redoux. 

Sur les bords de route, les bancs de neige ont disparu, laissant place à ce que les québécois appellent si joliment la « slush ». Un mélange de boue et de glace que les voitures trainent avec elles de quartiers en quartiers et de rues en rues. On dirait qu’il se trame quelque chose par ici… Moi qui m’étais habitué aux paysages blancs et harmonieux, les voilà qui se salissent, dépérissent peu à peu… Et s’en vient le redoux. 

Sur les toits des maisons, les tuiles réapparaissent timidement, la glace figée sur le bord des gouttières se craquelle, tombe et s’évapore. La poudreuse glisse des habitations avec vacarmes, s’écrasant grossièrement sur les quelques monticules restant dans les avants-cours… On dirait qu’il se trame quelque chose par ici… Moi qui espérais encore un peu profiter de ces boulevards scintillant, de ces matins frais où la neige rends La Tuque si silencieuse. Tout disparaît peu à peu… Et s’en vient le redoux.

Dans les sentiers forestiers, la neige épaisse devient molle, presque liquide. On ne distingue presque plus les traces de la course du lièvre, de l’escapade du renard ou de la ronde nocturne du loup. Les sillons tracés par les campagnols s’effacent, leurs galeries de glace s’effondrent… On dirait qu’il se trame quelque chose par ici… Moi qui aimais tant cette forêt sans secrets, offerte tel un livre ouvert. Le mystère reprend ses droits peu à peu… Et s’en vient le redoux. 

Par la fenêtre de mon appartement il neige pourtant ce soir… Mais ce n’est plus la même neige. Elle est dense et éphémère. Elle ne semble capable de s’accrocher qu’aux poteaux électriques et à quelques lampadaires. L’hiver perd son emprise sur La Tuque. J’ai le coeur serré face à la mort lente des chemins enneigés… Lorsque l’hiver nous aura définitivement quitté, mon voyage, ma fuite, sera sur le point de s’achever. Moi qui voulais que nous soyons éternellement hors du temps et des obligations, la fin se dessine peu à peu… Et s’en vient le doute.

Les saisons québécoises n’auront fait qu’une boucle… Et bouclée ma valise qui me ramènera loin des étendues vierges de la Mauricie. Comment appréhender l’après, l’inconnu et le prochain changement ?… On dirait qu’il se trame encore bien des choses par ici… Moi qui ai tant changé. Discrètement les premières pousses printanières se dévoilent, je découvre les nouveaux contours qui me dessinent, me définissent peu à peu… Et s’en vient le redoux.    

Depuis quelques jours déjà, les rues de La Tuque ont changés. La neige est devenue lourde, pesante. Je pense à mon retour, à mon départ pour la première fois. On dirait qu’il se trame quelques choses par ici… Moi qui pensais mon coeur puissant et déterminé, le voilà qui tremble, se remémore le règne heureux des longs froids québécois qui nous abandonne peu à peu… Et s’en va l’hiver… 

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