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dimanche 13 mai 2018

Chronique 2018 : Le feu, le froid et le silence

Avant propos de la chronique : 
Durant les nuits froides de février, nous partons dormir dans la forêt, notre professeure Isabelle et mes camarades de l'école. La chronique qui suit ne raconte pas cette nuit si particulière, elle capture juste un instant, un moment où sans trop savoir l'heure exact, Jerémy, Danielle et moi faisons encore vivre le feu au milieu de la forêt sombre



Il est tard, très tard… Quelques part entre minuit et les premières heures du matin. Là où la nuit est reine. Seuls dans le bois, nous défions le froid en entretenant le feu… en récoltant sa chaleur et sa générosité. Vous est-il déjà arrivé d’écouter la forêt dans l’obscurité de l’hiver ? Elle n’est que silence, elle semble absente, effacée. Elle écoute avec nous le crépitement des flammes, les laissant captiver leur auditoire.

Il est tard, très tard… Isabelle, Danika, Jacob et les autres se sont couchés depuis longtemps, loin du feu et de sa lumière. Il ne reste que Danielle qui écorche avec précision un long morceau de bois. Silencieuse et minutieuse dans ses mouvements, elle se sculpte un bâton de marche. Jérémy qui alimente le feu avec les quelques récoltes de bois qu’il nous reste. Puis moi,  couché dans la neige, captivé par le peu d’étoiles que la forêt de conifères nous permet d’entrevoir. 

Il est tard, très tard… Après avoir tant ri et profité du feu vif. Nous nous laissons bercer par la dernière danse des flammes qui s’amenuisent. tapis dans l’ombre, la vaste forêt nous observe. Le vent qui courent sur les lacs gelés s’invitent à notre ronde. Il tient tête à notre dernière source de chaleur, faible et fragile. Le silence s’est emparé de nous, comme si nous nous étions tout dit pour cette nuit, nos yeux se perdent dans les braisent fumantes.

Il est tard, très tard… Au fur et à mesure que la lumière du feu s’affaiblit, la sombre forêt se rappelle à nous. Elle réapparait, reprend sa place dans le paysage. J’ignore si mes amis l’aperçoivent. Jérémy semble mener un combat avec le sommeil en essayant de raviver les flammes. Danielle, toujours calme et silencieuse continue son oeuvre d’art sans craindre le froid ni la nuit. Pourtant la forêt semble se rapprocher de nous. Elle qui a les pieds dans la neige et le bout des branches glacés. On pourrait penser qu’elle s’installe à nos côtés autour du feu, alors qu’en réalité, elle ne nous avez jamais vraiment quitté. 

Il est tard, très tard… Si l’on regarde par delà la cime des arbres, on pourrait croire voir les premières lueur du matin. Il ne s’agit en réalité que des lumières de La Tuque qui elle aussi semble avoir du mal à s’endormir ce soir. Dannielle boit une dernière gorgée de chocolat chaud, Jérémy se fait cuire une guimauve sur feu. Nous ne brisons pas le silence qui s’est installé, nous l’entretenons, le préservons. Il nous accompagne comme si nous l’avions lui aussi invité à s’assoir avec nous près des flammes. 

Il est tard, très tard… Le sommeil nous rattrape et avec lui le froid qui s’engouffre peu à peu sous nos vêtements, jusque dans nos bottes. Jérémy et moi quittons le feu. Sous le petit campement d’hiver, nous nous frayons un chemin, tout en restant silencieux pour ne pas réveiller nos camarades. Emmitouflé dans mon sac de couchage, la chaleur des flammes me manque déjà mais la forêt me paraît étrangement moins silencieuse. Son chant lointain me berce et m’accompagne dans les dernières heures de la nuit. Dannielle ne se couchera pas ce soir, tout en continuant son travail d’artiste, elle restera auprès du feu… Lui permettant de rester en vie jusqu’au petit matin.          

1 commentaire:

  1. Très très beau texte!! merci de nous faire partager tous ces récits ;)

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