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lundi 5 février 2018

Chronique 2017 : Loreena McKennitt à Paris

Avant propos de la chronique : 
En mars 2017, Lorenna McKennitt fait un crochet par Paris dans sa tournée européenne. Un spectacle que j'attendais depuis plusieurs longs mois avec ma maman. Dans l'euphorie de ce concert et de retrouver les joies de l'effervescence parisienne, je dois aborder ma décision de partir pour le Québec dans quelques mois, mais annoncer son départ n'est jamais chose facile... Et c'est précisément le thème de cette chronique. 



Aujourd’hui était une journée comme je les aime. Une journée qui me rappelle ce temps où je n’étais qu’un enfant avec l’esprit ouvert et l’imagination débordante. 
Avec ma mère, nous sommes partis passer la journée dans les rues effervescentes de Paris. Si il y a une personne qui m’a fait aimer l’art à la française et surtout notre belle capitale, c’est bien ma mère. 
Même si aujourd’hui je vibre bien moins pour Paris et qu’une page semble irrémédiablement se tourner, cette journée resta belle et simple comme dans mes plus beaux souvenirs d’enfants. 

Nous sommes venus à Paris, pour assister au concert de Loreena Mckennitt. 
Si ma mère m’a offert son amour de l’art parisien et de la capitale, je voulais lui offrir en retour mon amour pour les musiques et la voix de Loreena McKennitt. 
Depuis plusieurs mois maintenant, nous savons l’un et l’autre qu’il se joue dans nos vies quelque chose d’important et d’imminent. Je ne suis plus l’exalté des foules parisiennes. Je coupe chaque jour un peu plus les files qui me tenaient embourbés dans cette spirale folle, tel un moucheron prisonnier d’une toile. 

Vers quels horizons vais-je m’envoler ? Ma mère le sais bien. Mais comme toujours nous n’arrivons pas à parler de mon départ prochain. Nous avons profité de la capitale, comme nous l’avons fait pendant des années. J’ai grandi au grès de ces ballades… Et celle-ci ne dérogea pas à la règle : j’ai encore grandi ! 
Nous avons visité la maison de Victor Hugo, place des Vosges. Mon auteur préféré, mon modèle… Dans les couloirs de sa maison, je me suis pris d’un frisson que même les châteaux et les palais ne m’avaient jamais offert. Il a marché, écris, parlé, ris, crié, espéré, désespéré dans ses murs… Lui, l’Homme de la République, de la Liberté et des oubliés. 

Cet Homme que j’ai aimé grâce à mon grand-père et tant haïs à cause de mes mains médiocre et peu écrivaine. J’ignore si j’ai un réel talent pour écrire… J’en doute même de plus en plus. Mon coeur et mes mains ne s’accordent plus. Ma tête et mes mots s’écharpent et se déchirent. Mais pour la première fois, je n’en tiens pas rigueur parce que j’ai le désir de me réinventer et de renaitre… Autre part, autrement.

Autour d’un café, sur un boulevard parisien, c’était surement le moment idéal pour parler à ma mère de mon départ et des changements que cela impose. Mais les mots peinaient à sortir, tous les instants me semblaient mal venue, toutes les situations me paraissaient maladroite et ce café crème était la seule excuse que nous avions pour garder le silence.      

En m’installant dans la salle de spectacle, j’ai ressenti une étrange sensation. Ce n’était pas la première fois que je voyais Loreena McKennitt sur scène, mais celle-ci me semblait particulière. Mon amour pour cette artiste a démarré ici, à Paris, alors que je n’étais qu’un étudiant à l’université, un peu pommé et trop rêveur… J’écoutais ses albums chez un disquaire entre les cours. C’est sa musique qui a réveillé mon envie d’écrire et qui a nourris la plupart de mes histoires.    

Peu de personnes savent me toucher avec autant de justesse et de discrétion que Loreena McKennitt. Ses mélodies résonnent sans cesse dans mon quotidien, mes choix, mes inspirations. Elle est la voix qui murmure dans le calme d’une nuit débordante d’inspiration, la musique qui protège mon coeur lorsque celui ci se serre ou doute. 

Ce soir, dans cette salle parisienne, elle est montée sur scène, silencieuse et timide. Sous des applaudissements admiratifs, elle s’est installée derrière sa harpe et sans prétention, sans fioritures, nous a invité à un long voyage. J’ai alors réalisé que ce récital n’était pas seulement un voyage musical, s’était un adieu. Un adieu à Paris, à ce que cette ville a représenté pour moi… Mes souvenirs d’enfance avec maman dans les couloirs de musées, au sommet de Notre Dame, dans les grands magasins. Mes souvenirs d’adolescent dans les amphis de l’université, dans les rayons d’une librairie à faire vivre mes premières histoires… Puis mes souvenirs d’adulte, à travailler pour Marni, la Banque BNP, Pierre Hermé, Longchamp. Finir par détester ce monde qui va trop vite, qui nous consume et nous consomme. 

Finalement je n’ai pas eu à parler de mon départ à ma mère ce soir. Les musiques de Lorenna McKennitt, douces et mélancoliques se sont chargées d’annoncer la fin d’une époque. Oui j’ai pleuré dans le noir intime de cette salle… Parce que j’admirerai toujours cette femme incroyable qu’est Loreena McKennitt, parce que je porterai toujours Paris dans mon coeur et que rien, même pas les silences, ne pourra altérer l’amour incommensurable que je porte à ma mère…  

Je sais où mon voyage m’emmène, j’ignore en revanche ce qu’il changera en moi…
«Vous m’offrez la cité… Je préfère les bois, car je trouve, voyant les hommes que vous êtes, plus de coeurs aux rochers et moins de bêtises aux bêtes » Victor Hugo 
   

   

1 commentaire:

  1. Je t'aime tant tu es un enfant formidable et je souhaite à toutes les mamans d'avoir un fils comme toi.

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