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vendredi 22 octobre 2010

Chronique 2010 : Le cœur dans la main

Avant propos de la chronique :
L’automne s’est installé sur la capitale. Les feuilles des arbres dans les jardins parisiens commencent à s’envoler, à nous abandonner.  Les matins sont plus frais et les journées pluvieuses. 

J’apprécie toujours autant mon nouveau job à la banque de la rue Bergère. La bonne humeur de Zahara est communicative. Nous avons enfin rencontré la terrible Madame Zeitoun… Bien qu’elle soit très froide et peu aimable, elle ne s’est pas montrée à la hauteur de sa légende. Elle a bien essayé de critiquer notre travail, mais notre duo est si bien rodé qu’il est difficile de trouver à redire… Nos tâches sont faites, les réunions s’enchainent et les retours des collaborateurs à notre égard sont positifs. 

Ces derniers temps, je n’arrive plus à écrire mon roman « Le Royaume de Faery ». Rien… Pas un mot, pas une péripétie pour mes héros. Je pourrais m’en inquiéter mais au lieu de cela je me concentre sur mes chroniques. Mon blog compte chaque jour de nouveaux lecteurs. J’aime cette sensation d’avoir enfin une visibilité, même si je sais qu’elle est très minime. Le fait qu’une poignée de lecteurs attendent la chronique de la semaine, m’aident finalement à tenir ce rendez-vous. Et si dans le fond je m’égarais ?  

Ce soir alors que j’écris la prochaine chronique de mon blog. On sonne à ma porte. Il s’agit de Sémy. Il aime beaucoup passer me voir lorsqu’il avance sur ces projets ou qu’il a besoin de conseil sur ses écrits. Il m’épate toujours. Il a une vraie aisance pour mener à bien ses projets, ses histoires… Une aisance aussi pour les partager et vous les faire visualiser. 

J’aimerai être aussi convaincu par mes propres récits. Je crains que mon roman de fantaisie ne se noie peu à peu. Et si j’avais vu trop grand ? Et si cette histoire était trop ambitieuse ? J’aimerai tant que mes mains, ma tête et mon coeur sachent travailler ensemble…  


Vous avez certainement entendu parler de la bosse de l’écrivain ? 
Elle naît de l’appui incessant d’un stylo sur votre majeur… C’est bien connu, les accros des mots, des ratures et des chiffonnages de papiers, sont de véritables tyrans avec leurs mains. 

Pour la petite histoire, j’ai malmené les miennes très jeune.  Bien avant de savoir écrire. Au jardin d’enfants, je voyais tous mes camarades si talentueux, créant les futurs œuvres d’art de demain : Ficelant des colliers de nouilles, modelant des pots en terre cuite. Moi ?... J’étais nul, pas du tout artiste, une catastrophe. Mes mains ne servaient à rien ! Il était clair que la fée des pinceaux ne s’était pas penchée sur mon berceau. Mais ce jour là j’ai trouvé une utilité bien plus grande à mes celles-ci… Les dévorer.

Oui, je me suis mis à me ronger les ongles sans fin. Je me demandait si ces fichus mains allaient un jour me servir. Puis, j’ai appris à écrire. Et dès ce jour là, cette lubie ne m’a plus vraiment quitté. Mon envie de créer me frustrait tellement que je m’en dévorais toujours les doigts… Je pensais que je finirais pas perdre cette mauvaise habitude. Mais la vie a entretenu ce petit rituel…  Je me rongeais les ongles en cours de maths au lycée, en cours de découpage filmique à la fac, avant un entretien d’embauche, avant une facture à payer…

Alors que j’écrivais, je gribouillais depuis déjà des années, un jour, je l’ai remarqué… Ma deuxième petite mutilation : ma bosse  de l’écrivain.
Seulement la mienne ne se trouve pas sur le majeur, mais sur mon annulaire. J’ai toujours eu une façon étrange de tenir mes stylos depuis l’école.

Même si nos sociétés modernes ont apporté à l’écrivain des moyens bien plus novateur pour écrire, il est certain que nombreux d’entre eux aiment encore les ratures et tâches d’encres sur le papier. J’en fais partie… Mais peut être pas pour toujours.

Oui, la bosse de l’écrivain est en voie d’extinction. Elle sera certainement remplacée par une bonne cataracte ou une arthrose précoce, sponsorisée par un grand nom de l’informatique. Tout cela pour amener à un tout autre sujet… Où plutôt, une réponse à une question qui m’a été posé récemment. 
Je suis persuadé que vous avez déjà eu à y répondre de nombreuses fois : Que regardez-vous en premier chez quelqu’un ?

Je sais que c’est un rituel un peu absurde pour beaucoup de gens mais depuis toujours, mon regard se pose sur les mains. Ironique n’est ce pas ? Surtout quand on sait dans quel état sont les miennes. 

Ce que j’aime chez elles, c’est ce jeu de miroir qu’elles nous offrent sur une personne avant même de la connaître. Elles peuvent révéler tellement de choses, rien que dans leur manière d’agrémenter une conversation ou encore leur façon d’afficher au grand jour (parfois timidement) les marques d’anxiété et de stress.

J’aime cette idée que le langage et le partage naissent dans les mains, dans celles qui se passionnent pour les mots ou celles qui savent s’offrir à l’inconnu… à un ami. 

L’amour n’est sincérité que lorsqu’il est couché sur une caresse. L’art n’est beau que dans l’habileté des doigts caressant les cordes d’une guitare, les touches d’un piano, tenant avec agilité des pinceaux aux couleurs infinis ou un stylo au phrasé envoutant…

Oui je regarde toujours les mains car je pense que notre cœur est dans leur creux. Nous devons leur donner l’occasion de partager cet amour… 


Aujourd’hui je peux le dire, j’ai traversé bien des tempêtes avec ces demoiselles… Et même si les gens les ont blessées, je sais désormais pourquoi je les aime tant… Leurs ongles abîmés, leur bosse grossière… Je m’en moque… Parce qu’elles ont enfin crée… Ma vie.

3 commentaires:

  1. Je ne regarderai plus mes mains de la même manière.

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  2. Ella-Victoria LOUKOU23 décembre 2011 à 19:16

    Je ne regrette pas d'avoir choisi de lire en premier lieu ce titre:"Le Coeur dans la Main".Car nous autres sommes attirés par l’amour, le coeur, la tendresse ...etc.Je te félicite et t'encourage d'un énorme rebond littéraire.Tu as un regard d'artiste de dire que :<< notre coeur est dans le creux de nos mains.>> Effectivement,,nous n'avons que nos mains pour saisir l'expression de notre coeur, les belles pensées d'amour, nos états d'âme....

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  3. Que regardez vous chez quelqu'un en premier ?

    Je ne sais pas. Consciemment je regarde la personne dans son ensemble avant de m'attarder sur des détails. Inconsciemment, je scrute le regard.
    J'ai toujours considéré le regard comme étant le trou de serrure cachant la pièce secrète de notre corps, une porte ouvrant sur notre âme. Regarder quelqu'un dans les yeux c'est comme regarder à travers ce trou de serrure, apercevoir un bout d'âme de quelqu'un pour savoir ce qui se cache vraiment derrière la personne.
    Ce n'est pas évident de trouver la clef de sa serrure, mais il se passe tellement de chose par le regard même si la porte est fermée.
    Il y aura toujours un "à l'aide" dans les yeux même si le corps exprime le contraire, il y aura toujours un espoir même si extérieurement le désespoir domine, toujours un "je t'aime" quand les mots sont trop difficiles à prononcer.
    J'ai toujours accordé de l'importance dans le regard car pour moi c'est là que se trouve la vie, l'âme de la personne et pour ainsi dire son intimité. Je suis fasciné par les personnes qui communiquent par le regard, comme si une connexion entre deux êtres était soudain possible en dehors des mots. Je suis fasciné par cette pudeur qui se dégage quand tu regardes une personne et qu'elle plonge son regard dans le tien, et que tu détournes ton regard par peur de ce qu'il pourrait trouver. Je suis triste de constater chaque jour la vie s'éteindre dans le regard de certains, pour totalement disparaître alors que le corps résiste tel une horloge suisse.

    Mais les mains... les mains sont pour ainsi dire les outils de l'âme.
    Peut-on dire que l'âme c'est le coeur ? Dévoile-t'on une partie de son âme dans une main tendue ? Joue-t'on avec son âme en faisant courir nos mains sur un piano, un violoncelle ou une harpe ?

    Il y a certains métiers où les mains jouent un rôle essentiel comme outil de travail.
    Dans mon métier je me suis rendu compte au fil des années que mes mains ne servaient pas qu'à laver, aider, soulever des personnes dans le besoin... Non. Elles me servent aussi à guérir des maux qui sont parfois difficiles à calmer avec des mots et des médicaments. Le toucher dans ces moments où le corps rejette la thérapie tandis que l'âme réclame un contact est vital... Combien de douleurs sont apaisées avec un contact chaleureux d'une main, une simple main qui transmet une partie de soi dans l'autre afin de guérir ce qui se trouve au plus profond de nous.
    On nous apprend à l'école de mettre des gants, pour nous protéger physiquement. On nous apprend à nous détacher émotionnellement pour ne pas se faire envahir par les émotions.
    Un gant sur une main c'est comme une barrière entre notre coeur, notre âme et les autres. On nous apprend à nous protéger des autres, mais est-ce la bonne manière ?
    N'y a t'il pas plus froid qu'un contact avec un gant ?


    Le coeur est dans le creux de nos mains, je veux bien te croire à 100%...et malgré ce que la société pense, beaucoup ont oublié que l'humain ne peut pas vivre sans se "connecter" aux autres.

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