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dimanche 6 mai 2018

Chronique 2018 : La nuit Latuquoise

Avant propos de la chronique : 
Ecrite un soir de mai 2018, cette chronique évoque mon départ prochain de La Tuque et du Québec. Nous sommes à la fin d'une histoire, au début d'un énième chemin. Si ce soir, je ne trouve pas le sommeil, c'est parce que j'angoisse... J'ignore ce qui m'attends loin d'ici. Dans quelques mois, l'école sera finie et je retrouverai temporairement l'effervescence parisienne qui m'agresse tant...


Je n’arrive pas à trouver le sommeil ce soir. Trop de doutes, trop de questions traversent mon esprit. Pour apaiser mes sombres pensées, je préfère regarder la nuit La Tuquoise par ma fenêtre. La longue route du Boulevard Ducharme a bien changé… J’avais presque oublié à quoi elle ressemblait sans son manteau d’hiver. 

Je n’arrive pas à trouver le sommeil ce soir. La lumière monotone des lampadaires de mon quartier berce mes idées noires. Mon regard se perd dans leurs halos orangés. Certaines vacillent, clignotent comme pour m’annoncer que bientôt il sera temps d’éteindre la lumière… Où vont-elles me conduire ?… Etrangement je n’ai pas envie de le savoir.

Je n’arrive pas à trouver le sommeil ce soir. Je regarde les corbeaux et les corneilles qui se sont endormis sur les fils électriques du Boulevard Ducharme. Ils semblent bien plus serein que moi… Peut être parce qu’ils sont habitués à partir et à ne jamais regarder derrière eux. J’aimerais avoir leur faculté à m’envoler sans regrets.

Je n’arrive pas à trouver le sommeil ce soir. Je guette le passage de quelques pick-up et camions qui fuient La Tuque dans la nuit. Ils tracent leur route incertaine vers Shawinigan ou Trois-rivières. 
Ils empruntent un chemin qui m’effraie autant qu’il m’appelle. Partent-ils vers une vie meilleure ?… Etrangement je n’ai pas envie d’y croire. 

Je n’arrive pas à trouver le sommeil ce soir. J’entends le train de marchandises qui quitte La Tuque dans la nuit. Il est bruyant et vient quelque peu perturber mes instants de réflexion. Il suit les rails, ces mêmes rails qui m’ont déposé ici il y a neuf mois. Il me rappelle à quel point le temps à filer, il s’amuse du fait qu’il m’échappe et s’amenuise. 

Je n’arrive pas à trouver le sommeil ce soir. J’observe cette pluie fine qui dégringole sur les toitures. Elle semble plus intense sous les lampadaires du Boulevard Ducharme. Sous leur lumière, elle arbore des couleurs tristes et mélancolique. Annonce t-elle les larmes à venir ?… Etrangement je pense qu’elles seront inévitables. 

Je n’arrive pas à croire que tout s’achève… Qu’il est déjà temps de rassembler les affaires. D’oublier la neige, les lampadaires du Boulevard Ducharme, les corbeaux et les corneilles, le train de nuit et qu’il me faut désormais regarder cette route qui abandonne La Tuque derrière elle. Il ne nous reste que peu de temps… Etrangement je suis obligé de m’y préparer.      

Je n’arrive pas à trouver le sommeil ce soir. Trop de doutes, trop de questions traversent mon esprit. Pour apaiser mes sombres pensées, je préfère regarder la nuit La Tuquoise par ma fenêtre. Nous avons tous tellement changé… Jamais je n’aurai cru m’attacher autant à La Tuque… Je commençais tout juste à me sentir chez moi…

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