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vendredi 17 septembre 2010

Chronique 2010 : La peur… De grandir

 Avant propos de la chronique : 
Aujourd’hui, je suis de nouveau dans les rues de Paris… Toujours pressé, stressé et en train de courir. Je dois absolument retrouver un travail ! Du coup, depuis plusieurs jours, j’enchaîne les entretiens d’embauche. En tout début d’après-midi, je me rends au siège de la maison "Color of Bernisson" qui se trouve dans un quartier très huppé de Paris. J’entre dans une cour intérieure. Je monte trois étages sans ascenseur pour rejoindre les bureaux. 
Je suis accueilli d’abord par une charmante stagiaire, très poli et prévenante. Elle me fait patienter dans un salon qui doit faire huit fois la superficie de mon chez moi. Il est décoré avec des affiches publicitaires de la marque et des clichés des différents défilés de Bernisson. 

Après quelques minutes à attendre et feuilleter des magazines de mode qui ne m’intéressent guère, je vois arriver Madame Agnès, la directrice du siège. Elle m’invite sur la terrasse de l’immeuble. Une table y est dressé avec un thé au jasmin et des viennoiseries. Je suis un peu mal à l’aise dans cet univers. Je fais tout mon possible pour ne rien laisser paraître. 
Madame Agnès commence à me poser des questions sur mon parcours professionnel. Elle s’intéresse entre autre à mes études en Histoire de l’Art et ma passion pour l’écriture.

Tout en parcourant mon CV, elle tombe sur mon dernier job chez Manoli. Un grand sourire se dessine sur son visage :« Vous avez travaillé pour la maison Manoli ?! Natalia Da Silva est une grande amie à moi ! cela ne vous dérange pas si je l’appel pour quelques recommandations ? »
Je deviens aussi blanc qu’un cachet d’aspirine… Que répondre à ça ? Connaissant le franc parlé de Natalia, je peux compter sur elle pour me faire une publicité aussi néfaste que rabaissante. 

Madame Agnès s’éclipse dans son bureau pour téléphoner. Honteux, j’attends la sentence en noyant mon honneur dans ce thé au jasmin qui est succulent. 
La stagiaire est appelée dans le bureau… Après quelques messes basses, elle revient et commence à m’enlever le thé et les viennoiseries. Elle m’invite à quitter le bureau toujours avec politesse et prévenance. Je suis raccompagné minablement vers la sortie, sans au revoir, bien obligé de quitter l’immeuble et le quartier. 

Heureusement que les amis sont là. Rien de mieux qu’une soirée en terrasse à refaire le monde. Etrangement je n’ai pas particulièrement envie de parler de mes projets d’auteur ce soir. Mais je prends toujours autant de plaisir à écouter Eva, Sémy, Romain et Fred dans l’élaboration de leurs arts.   
Je m’inquiète de ne pas réussir à décrocher un nouveau boulot. Romain me parle de la possibilité d’être hôte d’accueil dans une banque. Un travail qu’il avait lui même fait en revenant des Etats-Unis en 2009.
« C’est pas particulièrement bien payé je l’avoue mais ça te laissera beaucoup de temps libre pour l’écriture ! » 
Il me donne le nom de la personne à contacter. J’espère pouvoir sortir de cette situation. 
Tout cela me donne bien-sûr l’idée d’une nouvelle chronique pour mon blog… Que c’est difficile de grandir ! 



Si je regardais de plus près mon jardin secret, mon dévouement et mon amour pour l’écriture… je me rendrais certainement compte, qu’il ne s’agit en réalité que d’une fuite… une peur cachée, confinée,   bien à l’abri des bruits assourdissants de la vie. 

La peur d’aimer, de m’attacher… De m’engager… De grandir. Sommes-nous fragile toute notre vie ou suis-je juste une statue de sucre ? Le monde est violent, souvent agressif, parfois sans merci… Une fois sortie de mes fantaisies, je suis dans une jungle aussi passionnante qu’inquiétante. Je transporte mes histoires partout. Mais la réalité de la vie les dévore, les amoches.

Je passe mon temps à fuir les échecs, la réalité, les obligations. Partout où les chemins de la vie me conduisent, je ne trouve pas ma place. Je suis toujours sur la touche, en dehors de la bulle… Jamais dans la vie toujours dans un rêve. Jamais remarqué, toujours effacé. Jamais admis, toujours incompris.

Je croyais que cela passerait en grandissant… Que je trouverais ma place. Pourtant voilà, vingt ans plus tard, je suis toujours ce petit garçon timide et piètre écolier. Je suis encore une fois le dernier de la classe. En réalité je n’ai pas grandi…

Je fais juste semblant. J’arpente les allées de mes tendres années en espérant y trouver une place… Mais est ce encore un rêve candide ? L’artiste est-il en réalité un éternel vagabond qui ne souhaite pas grandir ? La solitude est elle irrémédiablement lié à l’art ?

Je suis lasse de travailler à droite à gauche pour survivre dans la jungle parisienne. Lasse de condamner les portes de mon imaginaire. Lasse que la vie l’emporte toujours sur l’art… Je suis fatigué d’être ce que je ne suis pas pour quelques instants d’écriture.

Comme tous les enfants, j’adorais faire semblant… Jouer un rôle dans la cour de récréation. Me prendre pour ce que je n’étais pas… et ce que je ne serai jamais… Pourquoi aujourd’hui je n’y arrive plus ? Peut être que ce jeu a assez duré ?

En réalité, la vie n’a rien d’un jeu, son monde est effrayant…Et je ne le comprends pas, je ne l’admire pas. J’aimerai que les choses soient simples, légères… Je voudrais vivre dans mes histoires…Comme un enfant qui ne veut pas grandir.

5 commentaires:

  1. encor un beau que dit je un magnifique texte le passage "je croyais que cela passerai . . ." est superbe, tu a beaucoup beaucoup de talent bravo.

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  2. Ecrire pour combatre le silence assourdissant de l'âme qui meurt, jeter un sort au vide,à la haine, à la guerre, faire naître les mots des cendres de nos rêves, de nos illusions
    emmamaria@hotmail.fr

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  3. C'est assez touchant... Ce texte me parle beaucoup en fait.

    Quand on est enfant, on découvre les choses de la nature, on s'invente des jeux avec les copains, un univers propre à nous en dehors du monde des grands.
    Les délires à table avec mon frère que seuls nous pouvions comprendre (et encore aujourd'hui je suis content d'avoir gardé ça avec lui), l'insouciance de croire ce que l'on voulait pour expliquer les choses de la vie...
    C'est vrai c'est une sorte de bulle, agréable qui nous maintient en dehors du temps et de la réalité un peu comme si nous étions encore un foetus dans le ventre de notre mère entrain de flotter dans le liquide amniotique. Et l'accouchement serait le passage à l'âge adulte, douloureux et brutal. En fait c'est ça nous vivons un second accouchement.
    Je faisais comme toi petit je me réfugiais souvent dans mon monde et c'était la lecture. Je passais des heures à dévorer les bouquins fantastiques qui me permettaient de m'évader à travers un monde à moi.

    Et puis le choc de devoir grandir, d'avoir accès aux connaissances du monde et des sociétés actuelles et de tomber dans le piège du "il faut que tu étudies pour travailler plus tard et gagner des sous pour vivre".

    C'est rude hein ? Et tellement triste... tu m'étonnes que les gens soient dépressifs et haineux entre eux.

    Je ne veux pas tomber dans le cliché du "oh je pense tout comme toi je suis pareil", mais je ressens la même chose par rapport à la société et au monde actuel.
    C'est un système qui ne me rend pas heureux, quoique je fasse j'ai l'impression que mon âme d'enfant et ma bulle sont entrain de s'éteindre progressivement.
    Je n'ai pourtant pas à me plaindre : j'ai un toit où dormir, un travail qui me permet de subvenir aux besoins élémentaires, je possède une voiture qui me permet de voyager où bon me semble...et pourtant il manque un truc. Le bonheur ? Je ne sais pas. Me permettre de vivre et non de rêver ? Je crois que ça me rendrait effectivement plus vivant.

    On nous donne l'illusion d'être libre de notre vie, mais au final nous sommes les esclaves d'une société prise au piège de son système.

    Alors en attendant, heureusement que l'écriture existe... ;)

    Jérémy

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    1. Il y a d'ailleurs quelque chose d'assez intéressant dans "la peur de grandir", j'ai souvent pensé que mon côté écrivain était la dernière petite bulle d'enfance qu'il me restait. J'ai écrit et publié plusieurs contes pour enfants, travaillé à l'élaboration d'un roman de Fantasy... Dans chaque recoin de mon écriture je retrouvais le monde de l'enfance. En prenant de l'âge, des coups dans la figures et en collectionnant les cicatrices, j'ai vu également mon écriture grandir. Les sujets que j'aimais traiter ont disparu. Aujourd'hui mon écriture est moins candide, parfois moins optimiste, plus critique. La preuve que même la bulle, que je croyais invincible, a elle même était infectée par le monde extérieur... Est ce vraiment négatif ? Sommes nous de meilleurs écrivains lorsque nos mots deviennent plus grave ?

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    2. La vie est une continuelle épreuve et elle nous affecte au plus profond de nous. Je ne te connais pas du tout mais je suppose que l'art d'écrire est intimement lié à tes émotions, il est normal donc qu'elle évolue avec toi.
      Je ne pense pas que cela soit négatif au contraire, cela te permet sûrement d'exprimer ce que tu ressens, d'explorer d'autres domaines.
      Si l'écriture est le reflet de tes émotions alors essaie d'avoir assez de recul sur ton travail pour voir où tu en es dans ta vie.
      Encore une fois je ne te connais pas mais la vie est faite d'épreuves, tu les as surmonté et tu dis que tu as tout ce qu'il faut à ton bonheur actuel... pourtant ton écriture "est moins candide, parfois moins optimiste, plus critique" et tu ne traites plus les sujets de ta petite bulle d'enfance.
      Tu vois où je veux en venir ? Que tu explores de nouveaux horizons d'écriture c'est bien, mais est-ce que ton art n'essaye pas de te dire que le bonheur auquel tu crois n'est qu'illusoire ?
      Peut-être est-il temps de te replonger dans ta petite bulle ?
      Dois-tu comprendre et accepter toutes tes émotions afin d'être complet dans ton art ? (et dans ta vie, car tout est lié)
      Je ne suis pas un pro de l'écriture, mais je pense avoir assez d'expérience sur les émotions pour savoir que si tu te laisses submerger par ce que tu ressens dans ta vie (comme une éponge), ça se ressentira dans ce que tu écris.
      Ne sois pas le stylo qui écrit des mots sur une page. Sois plutôt la main qui contrôle ce stylo et sers toi de toutes tes émotions comme d'une force.

      Je ne te connais pas et je ne te donne pas de conseils, c'est juste que j'aime bien dire ce que je ressens ne le prend pas mal.

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