Translate MY BLOG !

lundi 22 janvier 2018

Chronique 2017 : Le Balancier

Avant propos de la chronique : 
Dans le train qui me ramène à Paris le 1er mai 2017, j'écris une chronique douloureuse. Mon oncle vient de nous quitter après un combat difficile contre une maladie qui m'a déjà arraché des amis, des proches et un amour aussi. Les jours qui ont précédé, nous avons rassemblé les affaires dans la vieille maison familiale. Celle la même qui m'a toujours paru austère et froide pourtant... Les souvenirs renaissent un peu partout.  





Je pensais trouver le silence en passant le pas de porte de la maison du vieux bourg. 
Cette vieille maison délaissée par le temps et tant détestée par mes jeunes souvenirs. 
Mais le silence n’était point là… 
Le balancier de la comtoise accomplissait sa tâche, son tic, tac, précis, lourd et cérémonieux.
Le temps n’avait que faire de la solitude qui s’installait peu à peu dans chaque pièce. Il continuait son oeuvre même si j’étais un visiteur peu attentif à son carillon juste et discret. 

Je pensais trouver le silence en entrant dans la salle à manger de la maison du vieux bourg. 
Mais le balancier de la comtoise me joua un tour. Moi qui n’écoutais guère le fil du temps, il s’amusa à me le faire remonter. 
Au milieu de son tic, tac, précis, lourd et cérémonieux, je revoyais mon parrain, là, assis à table en train de lire les pages sports du journal. Mamie Margot silencieuse et attentive, absorbée par le poste de télévision, caressant la nappe de ses doigts rongés par l’arthrose. 

Je pensais trouver le silence en poussant la porte de ma chambre dans la maison du vieux bourg. 
Mais le balancier de la comtoise résonnait jusque là. Malgré son tic,tac précis, lourd et cérémonieux, le temps semblait avoir quelque peu délaissé cette pièce. 
Le petit piano en bois de Tatie Sylvie, posé là où je l’avais refermé il y a vingts ans. Mon magnétophone à cassette, à côté du lit, lui qui m’aidait à apaiser mes nuits et quelques jouets qui se rappelaient à ma mémoire. 
Cette pièce froide et sombre me ramena un souvenir. Celui des soirs de match à la télévision où mon père et mon parrain restaient jusqu’à pas d’heure dans le salon, laissant venir jusqu’à moi une lumière et une présence apaisante pour accompagner mes nuits difficiles. 

Je pensais trouver le silence en pénétrant dans la chambre de mon parrain. Il l’avait quitté la veille, malade et fatigué. 
Mais le balancier de la comtoise y continuait son tic, tac, précis, lourd et cérémonieux. Il berçait le chat qui attendait sur le lit. Ce chat perdu qui comprenait aisément la douloureuse mélodie du temps qui résonnait dans la maison du vieux bourg.
Je n’étais jamais rentré dans cette pièce, elle ne me partageait aucun souvenir. Elle était la vérité nue du deuil que j’allais devoir porter.

A cet instant, j’ai trouvé le silence. 

Le balancier précis et cérémonieux… Peut-être trop lourd pour les événements qui allait suivre, s’arrêta dans l’indifférence la plus amère. Lui qui avait vu tant de rires, de mariages, de baptêmes, tant de chagrins et de regrets aussi. Il venait de nous abandonner là, sur le fil du temps qui continuait son oeuvre en silence dans la maison du vieux bourg. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire