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samedi 3 mars 2018

Chapitre 12 (Le Journal d'un auteur perdu)


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Cher journal... J'ai un rencard !



Mi décembre 2010,
Ce soir, je suis chez Sémy en compagnie de nos amis, Romain, Eva et Fred. Dehors, rien n'a changé, il neige toujours. Du coup... Rien de mieux que de partager une raclette et une bouteille de vin blanc pour oublier le froid ! Comme à notre habitude, cette soirée est l'occasion de nous confier et de rigoler afin d'oublier nos soucis. Romain nous annonce d'ailleurs que son copain Alex va emménager cher lui. Je dois avouer être assez septique. Au vu des regards que me lance Sémy, je ne pense pas être le seul à m'interroger sur cette initiative. C'est peut être assez idiot, mais je ne peux m'empêcher de faire de parallèle avec mon ex : Charles. Nous avions vécu ensemble dès le début de notre relation... Et même si cette histoire a duré 3 ans, je ne peux m'empêcher de penser que précipiter cette étape fut une erreur. Enfin bref... Je fais abstraction de ce passé et je me réjouis pour Romain, en espérant que je ne suis pas dans un sur-jeu trop visible... Eva est toute contente, ces derniers temps, plein de projets se concrétisent pour elle : elle vient d'enregistrer une version finale de sa maquette et elle s'apprête à quitter l'appartement de son père pour vivre avec une amie en plein Paris. Nous sommes déjà fan de sa chanson ! A vrai dire, il ne fais aucun doute qu'elle a le potentiel pour plaire à des maisons de disques. Eva espère bien que ses efforts vont payer. Au fil de ces conversations... Sémy me demande comment était le concert de Dorothée à Bercy. Je n'ose pas vraiment parler de ma rencontre avec le bel animateur télé... Puis finalement après quelques minutes, je me confie sur cette soirée qui ne m'a pas laissé de glace. Romain, Eva, Fred et Sémy sont euphorique et veulent plein de détails sur cet échange inattendu :

"Tu crois que tu lui plais ?"
"Tu vas le revoir ?"
"Tu vas le rappeler ?"


C'est vrai que cela fait plusieurs jour maintenant que ce concert a eu lieu et je n'ai pas encore eu le courage de rappeler ce garçon. Une fois la soirée chez Sémy terminée, dans ma voiture envahit par la neige, je ressors de ma poche la carte de visite qu'il m'a laissé. Le temps que le chauffage de ma vieille Renault Clio fasse fondre la poudreuse accumulée sur mon pare-brise, je me décide à composer le numéro de l'animateur TV. J'attends quelques sonneries, les mains tremblantes. Je m'apprête à raccrocher lorsqu'il répond. Je tente maladroitement de lancer la conversion.
"Salut, désolé de t'appeler aussi tard... C'est Julien... Le gars du concert de Dorothée...."
L'espace d'un instant, un blanc s'installe... Un blanc qui me met mal à l'aise et me fait me sentir bien bête.
"Ah oui Julien ! ça me fait plaisir que tu me rappelles !"
Je suis soulagé... L'animateur TV me propose de prendre un verre sur Paris après mon travail. Il me demande le quartier où je bosse pour venir m'y rejoindre demain en fin d'après midi. Ma nuit est du coup assez mouvementé... Impossible de trouver le sommeil... Je n'arrête pas de m'imaginer notre futur rendez-vous. J'envisage tous les scénarios, seul, dans mon petit 20 mètres carré. Je tourne en rond, j'angoisse... Et cette sensation m'accompagne jusqu'au petit jour.




En arrivant au siège de la banque ce matin, autant vous dire que j'ai un visage un peu déconfit malgré les cafés que je me suis enchainé entre la maison et mes nombreuses stations de métro.
Je retrouve Zahara qui me presse tout de suite de lui raconter cette soirée au concert de Dorothée. Très vite la conversation ne tourne plus qu'autour de l'animateur télé.

"C'est FOU comme histoire !!!" s'écrie t-elle sans retenue à travers le hall de l'accueil. "Tu imagines que ce garçon va peut être t'aider à nouer des contacts pour tes livres et tes projets d'écrivain !" Zahara a bien du mal à retenir son excitation. Entre deux-trois coups de téléphone et quelques collaborateurs à accueillir, elle ne peut s'empêcher de m'imaginer déjà loin de ce poste mal payé et surtout loin de Madame Zeitoun !

A 18h30, alors que ma journée à la banque s'achève, mon rendez-vous arrive comme il me l'avait promis la veille au téléphone. En le voyant entrer dans le hall de l'accueil, mon coeur s'emballe. Tous mes doutes de la veille s'envolent peu à peu... Je le regarde, lui qui semble tout aussi maladroit face à cette situation... On va s'aimer j'en suis persuadé ! Zahara ne peut se retenir de pousser quelques petits cris de joies qu'elle contient dans ses mains.
"Ne le fais pas attendre ! tu peux partir, je pointerai pour toi et je m'occupe de fermer l'accueil !" me dit-elle avec bienveillance tout en me poussant vers la sortie.

Avec l'animateur télé, nous nous dirigeons vers le bar O'Sullivan qui se trouve non loin de mon travail. On s'installe en terrasse. Tandis qu'il commande un verre de chardonnay, je prends une bière anglaise. Je le dévore des yeux. Il me parle de sa carrière, de ses émissions et de ses projets futurs. De mon coté je lui confie mon parcours un peu atypique et mon désir d'être un jour reconnu en tant qu'écrivain. Mais je vois bien que mes galères d'auteur ne le passionne guère car il s'empresse sans cesse de tout ramener à lui et à l'univers de la télé. Je sais bien qu'il essaye de m'impressionner ou tout du moins de me faire rêver... Mais je suis quelqu'un qui regarde très peu la télé (et surtout pas le style d'émissions qu'il présente). Je reste assez hermétique à ses ambitions.
"Je n'arrive pas à croire que tu ne regardes pas la télé" me lance t'il avec étonnement.
"Je ne te dis pas que je ne la regarde jamais mais il est vrai que je regrette que la télévision soit dans sa majeure partie abrutissante et parfois humiliante. Je n'arrive pas à considérer la télévision comme le seul canal de divertissement et d'information... J'ai besoin de plus que ça"

Sur l'instant, je me demande si mes mots n'ont pas été trop durs car le jeune présentateur s'est muré dans un silence et se contente désormais de boire son verre de vin en regardant les voitures qui défilent sur le boulevard. Après quelques minutes pesantes de silence, il me raccompagne à la bouche de métro avec une légère distance. Je ne pense vraiment pas le revoir pour être honnête. Je me sens bête... je sais que l'on vient de deux univers différent, que l'on a peu de point commun... Et pourtant je ne peux m'empêcher d'admettre qu'il me plait. Alors que je suis dans mon train, je reçois instantanément un message de lui qui me remonte le moral. Il me propose une soirée dans un bar privé à côté d'Opéra pour le sur-lendemain.

J'hésite vraiment à accepter... je ne peux pas dire que ce premier rendez-vous était exceptionnel ! je décide d'appeler Sémy une fois arrivé chez moi pour avoir son avis.
"Tu rigoles !!!??? Tu as interêt à y aller ! ce mec s'est peut être une chance pour ta carrière d'auteur et pour ne rien gâcher il te plait ! alors fonce ! et soit plus FUN pour ce deuxième rencard"





J'ai bien évidemment suivi les conseils de Sémy. Ce soir, je me suis vraiment préparé pour être le plus charmant et charmeur possible. Lorsque je sors à la station Opéra, je prends un peu d'assurance en me répétant dans ma tête : "Julien, tu es drôle et léger.... Drôle et léger !"
En arrivant devant le bar privé, je vois "mon animateur" attendre patiemment, seul. Je m'approche de lui avec un stress difficilement dissimulable. Il me lance un large sourire qui me charme et me rassure.

"J'attends juste quelques amis, tu vas voir, tu vas les adorer !" me lance t-il tout en me prenant la main.
Ses amis ne tardent pas à arriver... Des garçons tous plus beaux les uns que les autres, avec des corps dessinés, mis en valeur par des T-shirts ouverts jusqu'aux nombrils malgré les températures glaciale de ce mois de décembre. Je ne peux m'empêcher de me comparer à eux, moi avec ma petite taille et mon ventre plus amoureux des crèmes glacées que des séries d'abdos à la salle. D'ailleurs très vite je m'efface. Ces garçons prétentieux et pleins de manières ne prennent même pas la peine de m'accorder ne serais-ce qu'un regard.

Une fois dans le bar, mon animateur que j'aimais déjà avec naïveté me lâche la main. Il envahit la piste de danse avec ses "amis": des clichés d'une communauté gay et d'une supériorité parisienne dans laquelle je ne me reconnais pas.
Il est évident que je pourrais partir... Personne ne remarquerai mon absence... Je n'aurai même pas à leur dire au revoir : ils n'ont même pas pris la peine de me dire bonjour et l'animateur télé m'a déjà oublié. Sa langue visite le palais d'un autre type. 
Il est à peine minuit alors avant de m'enfuir comme une Cendrillon cocufié, je m'installe au bar. Le garçon à côté de moi se met à m'adresser la parole. 
"Salut ! Tu veux boire quelque chose ? c'est moi qui invite !"
Je suis un peu étonné et lui demande timidement un Mojito. Le garçon se met à rire sans trop pouvoir se retenir... Je suis tellement fatigué par cette soirée humiliante que je pourrais me mettre à pleurer.  
"Toi, soit tu n'es pas un vrai parisien, soit tu n'es pas un garçon de la nuit" me lance t-il tout en continuant à rire. 
Il commande deux orange daïquiri et commence à se présenter. Il s'appelle Jules et s'est un peu occupé de l'organisation de cette soirée privée. Tout en me donnant mon verre il me lance, tout en me montrant mon animateur télé du doigt : 
"Je suppose que tu es venu accompagné par ce dragueur sans talent ? Oublie-le ça vaut mieux, c'est un conseil d'amis... Oh fait ! j'adore tes chroniques, je te félicite... J'espère pouvoir lire plus de chose de toi très bientôt !" 
Me voilà assez étonné, je dois l'avouer ! c'est bien la première fois qu'un inconnu me reconnait et me parle de mon travail. Je me sens assez flatter car Jules me confie sans détour et avec beaucoup de bienveillance son avis sur les quelques chroniques que j'ai partagé depuis quelques mois sur le blog All The Little Things. 

Jules est un garçon qui a beaucoup de charme, il pourrait pour certains passer inaperçu. Mais il a une lumière, une présence qui lui donne toute son importance. En l'espace de quelques minutes, il n'y a plus que lui, j'oublie tout ce qui se passe atour de nous... Quel bonheur de rencontrer quelqu'un avec qui je peux être moi et parler d'écriture. Seulement une réalité me rappelle à l'ordre, en regardant l'heure je redescends sur terre : le dernier métro ne va pas tarder à passer. Je n'ai pas envie de quitter Jules... Je me lance dans des au revoir plutôt maladroit. 

"Bon et bien, j'espère que tu liras mes prochaines chroniques avec autant d'intérêt. Ce fut un plaisir de faire ta connaissance en tout cas..." 
"Bonne nuit Little Things... Rentre bien"
C'est sur ces mots que je le vois s'éloigner dans la foule et retourner s'occuper de la logistique de cette soirée. En quittant le bar, je ne jette même pas un regard vers mon animateur télé... Il est déjà bien loin dans ma tête. Dans le métro, tandis que je commence à griffonner une nouvelle chronique sur un carnet de notes. Je réalise que je n'ai même pas demandé le numéro de Jules. Suis-je vraiment bête ou ai-je un véritable problème avec le sentiment amoureux ?...        


Conquérir le grand Amour (chronique publiée le 10 septembre 2010 sur le blog)
L’écriture, comme ses sœurs d’art, la musique ou la peinture, est avant tout un portail méticuleusement ouvert sur un jardin fragile et intime. C’est un partage, une vérité intérieure, un reflet personnel…

L’écriture est avant tout, à mes yeux, une invitation. Un grand festin que l’on partage avec des amis, des étrangers, des inconnus… Peu importe d’où l’on vienne, nos choix, nos opinions diverses, nos personnalité, nos origines… Nous avons tous quelque chose à raconter… Que ce soit en écrivant, en chantant, ou simplement en parlant. C’est en transmettant à ses amis que l’on reste vivant et c’est en apprenant de l’Inconnu que l’on acquière une grandeur d’âme. C’est en se faisant cette promesse de découverte et de partage que l’on devient un Homme.

Bien évidemment, à travers ces histoires diverses que vous côtoierez le long de la route, on vous parlera inévitablement d’Amour. Valeur universelle que l’on croit avoir apprivoisé mais qui reste bien hors de porté. Il est difficile d’aimer, il y a tellement de façons, de manières, de codes qui s’imbriquent dans l’Amour.

Je m’intéresse comme tout être à cette notion qu’est l’Amour. A travers mes récits, la part est toujours faite à l’Amour, qu’il soit impossible, passionnel, interdit ou encore destructeur. L’interrogation que suscite en moi ce sentiment est grandissante tant je pense que plus les siècles passent, plus les gens en perdent réellement le sens. Nos sociétés modernes désacralisent l’Amour… Le partage, l’apprentissage de soi, la découverte… Sont des valeurs qui s’effacent peu à peu. L’Amour n’est vue d’ailleurs aujourd’hui qu’à sa forme la plus élémentaire sous un ordre chronologique bien précis : Deux êtres, un café, une boite de nuit, du sexe, un test de grossesse, un mariage, un bébé, un appartement, un lecteur Blu-Ray, Une télévision HD et… Un divorce sanglant.

Je sais reconnaître le regard blafard de ces gens, qui pensent vivre pleinement l’Amour avec cette personne qui leur sert de sac à main. Ils n’oseront jamais le dire, mais grâce à cette situation, ils se sentent un peu plus accomplit… Un petit peu plus vivant… Pourtant, je suis célibataire et je ne pense pas être plus mortel qu’eux… L’Amour détient une valeur si vaste, si infini… Il y a des millions de façon d’aimer. D’aimer ses amis, d’aimer son âme sœur, d’aimer les rencontres, aimer apprendre, aimer comprendre, aimer la vie… Faut-il encore ne pas l’oublier ou du moins en avoir une infime conscience. 

C’est pour cela que les gens qui vous disent sottement « Moi j’attends mon grand Amour » n’ont (je pense) rien compris à la vie. Personne ne doit attendre l’Amour… Il n’y a pas d’abris bus crée à cet effet… L’Amour est une montagne qui n’est pas inaccessible. Il suffit de continuer à gravir ses écueils chaque jour un peu plus… Car c’est en prenant conscience de la valeur et de l’éventail infini qu’est l’Amour que l’on peut espérer atteindre la sagesse. Je pars conquérir l’Amour chaque jour. Auprès de ma famille, de mes amis… Au cours des voyages et de leurs rencontres enrichissantes. En remontant le fleuve de mes racines, en écoutant les histoires de mes pères, en n’oubliant pas que je suis à ma manière une poussière de "grand amour" pour mon prochain. Peut être qu'un jour je serais à mon tour sa famille, son ami, son fleuve ou son père. C’est en faisant ce long voyage et ces rencontres, que l’on trouve le grand amour... Certainement pas en se donnant des anneaux ou en partageant un simple lit. 

Aujourd’hui je ne connais pas (ce que l’on appelle) ma moitié… Mais cela ne veut pas dire que je ne connais pas le Grand Amour, puisque que celui là est un tout… Et je reçois, je donne et je partage déjà un Amour bien assez Grand.

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