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dimanche 4 mars 2018

Chronique 2016 : Les Arrogantes

Avant propos de la chronique : 
Cette chronique écrite en septembre 2016, parle de mon expérience de vendeur pour les grandes marques de luxe parisiennes. Après 7 années passées dans ce domaine, je décide de profiter d'un plan de départ volontaire pour reprendre ma liberté. Depuis quelques semaines, je sais que je vais partir et tourner enfin la page de cette carrière futile à laquelle je me sens enchaîné. Ma vie prend peu à peu un tournant. Même si je nage encore dans l'inconnu, je n'en reste pas moi optimiste parce que je sais que très bientôt je n'aurai plus à supporter les clientes arrogantes.  



Chaque jour, derrière mon costume-cravate inconfortable, mon sourire forcé et insincère, j’haïs les arrogantes… En silence. 
Ces femmes aisées qui se sentent importantes, ces femmes trop sûre d’elles qui vous rappellent que vous n’êtes rien… Juste le réceptacle de leurs envies, le serviteur de leurs caprices. 

Elles ne vous regardent même pas dans les yeux les arrogantes. Elles se contentent de vous donner des ordres tout en regardant les plafonds. Qui a t’il de si important au plafond pour refuser de regarder les autres en face avec un minimum de respect ? Elles gesticulent avec prestance à travers la boutique et vous les suivez bêtement comme si votre vie ne dépendait que de leur bonheur. 

Elles claquent des doigts les arrogantes. Elles se contentent de vous montrer leurs désirs du bout des ongles pour éviter un contact trop cordiale. Elles n’ont même pas la décence de vous parler, après tout vous n’êtes personne… Pourtant vous portez bêtement leurs articles dans vos bras avec votre sourire façade en vous convaincant que ce bonheur est un peu le votre. 

Elles sont toujours pressés les arrogantes. Elles ont un taxi, un rendez-vous, un avion à prendre... Alors, elles vous engueulent. Vous ordonnent de presser le pas. Ô oui, elles aiment montrer que leur vie est faite de dynamisme et vous rappeler que la votre est plate et inutile. Comme un abruti vous vous exécutez. Vous en arrivez presque à trouver normal que l’on vous parle de la sorte. 

Elles ont des cartes Gold, Premium, Platinium, Palladium... A peu près tous les noms qui finissent par "IUM" et qui leur donne l'insolente impression de tenir le monde dans un portefeuille. Elles aiment vous rappeler qu'elles peuvent dépenser sans compter. Car après tout leur vie n'a de sens que parce que vous ne possédez que la carte "Ridiculium".  

Elles font des scandales les arrogantes. Crier sur le petit personnel, l’humilier et l’insulter, c'est une petite jouissance. Elles ont un slogan commun qu’elles chérissent : « Appelez moi immédiatement votre responsable » Tout est dramatique lorsqu’elles ne sont pas satisfaites. Il est vrai qu’il n’y a pas de pire injustice au monde qu’un sac Longchamp indisponible en couleur vermillon.  

On les écoute trop les arrogantes. Lorsqu’elles écharpent nos collègues on se fait petit, on ne s’entraide pas car nous n'avons pas le droit à cette liberté.  On espère juste ne pas être la prochaine victime…. Parce que l’arrogante à toujours raison et n’a pas de gêne à faire virer les gens. Après tout, elle ne sait pas combien il est difficile et précieux d’avoir un job (aussi rabaissant soit-il) par les temps qui court.       

Mais pourquoi donnons nous autant d’importances aux arrogantes ?… Elles qui passent leur vie à flâner sans but dans les boutiques parisiennes… à dépenser, jeter, gaspiller leur argent pour des broutilles… à consommer inutilement tel des moutons ignares persuadés d’être les leaders du troupeau.       

Chaque jour, derrière mon costume-cravate inconfortable, mon sourire forcé et insincère, j’haïs les arrogantes… En silence. Je n’ai qu’une hâte, claquer la porte, m’enfuir et retrouver l’air pur. Je sais que ce jour viendra. Ce n’est pas seulement mon rêve. C’est celui de beaucoup de mes collègues… Mais en attendant l’ailleurs, nous suivons les caprices des arrogantes… En silence. 

2 commentaires:

  1. Au vu de ce que tu as écrit ça n'a pas du être facile de travailler dans le luxe.
    Rien qu'en lisant ton texte je trouve ça marrant de voir à quel point l'argent régit nos vies.
    L'esclavage a été aboli, mais quand on voit ce que se permette les gens riches il y a de quoi se poser des questions...
    Bref c'est un monde fascinant qui mériterait une étude sociologique approfondie ! Tu n'as jamais songé à en écrire un bouquin ? ça pourrait être sympa ! ;)

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    1. C'est un monde qui vous fait croire que la futilité est importante et qui finit par te faire croire que tu n'es rien sans lui. C'est assez vampirique comme univers. Je suis content d'avoir réussi à m'en échapper même si beaucoup de gens de mon entourage n'ont pas compris cette décision. J'écris déjà un petit peu sur ce sujet dans "le Journal d'un auteur perdu" puisque cela raconte mes difficultés d'auteur au milieu de ce monde "parisien". J'ai encore beaucoup de choses à raconter sur le sujet... Vraiment !

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