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lundi 2 janvier 2017

Chapitre 9 (Le Journal d'un auteur perdu)



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Cher journal... J'écris enfin !


Octobre 2010, 
En l'espace de quelques semaines, le visage de Paris a changé. Les feuilles des arbres ont épousé de nouvelles couleurs et les températures jusque là si clémente sont devenus rudes et impétueuses. La capitale semble peu à peu plus terne et moins propice aux rêves en tout genre. Le visage des parisiens se ferme,  s'endurcit... Les mines bougonnes et nonchalantes préfigurent l'arrivée d'un hiver glacial. 

Heureusement pour moi, il me reste une île, une parenthèse pour le rêve. Sur mes carnets que je ne quitte jamais, je griffonne, je m'évade, je crée, j'écris et je défis la morosité de l'automne. Depuis quelques jours, mon blog jusque là discret, a pris la lumière. Je m'étonne de récolter de plus en plus de lecteurs de différents pays et de m'abreuver de messages assez encourageant... Mais j'ai le sentiment étrange que je ne dois pas en rester là... Mon roman sur ce Royaume fantastique doit avancer et étrangement l'arrivée de cet automne ennuyeux me donne des ailes.

Il y a quelques semaines, une aide précieuse est enfin arrivée à l'accueil de la banque. Une collègue que j'ai accueilli à bras ouvert et formé rapidement avec le peu de bases que je possédais. Elle s'appelle Zahara... C'est une fille timide et discrète mais qui lorsque vous persistez à gratter la carapace, s'avère être pleine d'humour et de bienveillance. Ce matin, en arrivant dans le hall, un café à la main, je m'étonne de la voir déjà en place, en train de répondre au téléphone et de gérer les premiers mails des collaborateurs. 

Tous les matins avec Zahara se déroule un peu la même manière. Nous accueillons et gérons le déroulé des réunions entre 9h et midi. Puis après la pause déjeuner nous sommes tranquille à l'accueil. Nous pouvons nous confier sur nos vies, nos projets et grignoter des bêtises en toute discrétion. Le seul élément qui demande encore notre attention est l'éventuel passage de Madame Zeitoun. Zahara, tout comme moi, a d'autres ambitions que cet accueil étroit. Elle espère valider ses dernières années études et quitter Paris avec son copain. Nous savons que nous ne sommes que de passage par ici... 

Zahara connait mon amour pour l'écriture. Elle n'hésite pas à me laisser le champ libre pour que je puisse écrire un maximum : "Ne t'inquiète pas ! N'hésite pas à partir dans ton imaginaire, je gère la situation... Plus vite on quittera cet endroit, mieux se sera pour nous !" c'est une phrase qu'elle me répète assez souvent et qui me rassure... Une phrase qui me rappelle que ce qui nous attend plus tard sera bien plus grand que l'accueil de la rue Bergère. 

Cet après midi là, Zahara m'observe avec amusement. "C'est fascinant de te voir écrire ! Je me demande ce qui se passe dans ta tête !" Elle me pose un tas de questions sur mon roman et sur la naissance de ce projet fou. Je lui raconte alors que cette histoire m'est venu à l'époque du lycée... En ce temps là je n'avais pas beaucoup d'amis, mes professeurs me ramenaient souvent au rang de cancre et mon seul refuge à cette solitude, c'était la bibliothèque... J'y ai lu les oeuvres de Tolkien, les aventures d'Arthur et des chevaliers de la table ronde... Peu à peu comme une revanche à un quotidien où je ne trouvais pas ma place, je me suis mis à écrire à mon tour ma propre histoire fantastique tout en m'aidant d'un ouvrage précieux : Le dictionnaire des fées et des croyances païennes. "Et bien j'ai hâte de découvrir ce roman !" me lance Zahara avec admiration.



En rentrant, ce soir, je m'arrête quelques instant à la station opéra pour donner à Pépé, les tickets restaurant que Madame Zeitoun nous a remis aujourd'hui. Oh ! la banque où je travaille n'est pas très généreuse avec 5 euro le ticket, croyez-moi il n'est pas aisé de manger dans Paris mais je sais que Pépé en fera meilleur usage que moi. Toujours assis devant l'Escalator avec son chien, il se demande pourquoi je lui accorde autant d'importance... Peut être tout simplement parce qu'il fait parti de ces visages qui marque votre quotidien le plus banal. 

"Tu travailles où toi l'homme d'affaires !" me lance t-il avec maladresse tandis que je lui remets mon carnet de ticket. "Je ne suis pas un homme d'affaires... Je suis hôte d'accueil..." je me prends donc à me confier à Pépé sur mon parcours un peu bancal et mon espoir de pouvoir un jour donner vie à ma véritable passion. En l'espace de quelques minutes, je vois son regard changer... Il semble découvrir ma vulnérabilité et mon manque de confiance en moi. "Qu'est ce que tu écris petit, montre moi !" Me voilà un peu mal à l'aise... et puis après tout, je ne suis pas pressé de rentré, je m'assois donc à côté de lui et lui montre quelques unes de mes ébauches où je décris le Royaume de Faery et la quête de Ivan, mon héros. Les parisiens me regarde un peu dubitatif, il est vrai que la scène d'un garçon en costard assis à côté d'un sans abri doit être plus que cocasse... Mais je m'amuse de voir Pépé se fasciner pour mon travail. "Je ne comprends pas tout ce que tu écris mais oui toi tu va aller loin c'est sûr ! Tu ne porteras pas cette cravate ridicule toute ta vie !" 

C'est sur ces mots à la valeur inestimable que je regagnemon petit 20 m2. Alors que je me prépare tranquillement pour me coucher. On sonne à la porte. C'est Sémy ! Je le connais très bien et lorsqu'il débarque aussi tardivement à la maison, c'est qu'il vient de sortir d'une phase intense de création et qu'il a besoin d'en parler. Tout en fumant des cigarettes à ma fenêtre, il me raconte ses dernières idées et l'ébauche prometteuse de son premier scénario. Tout en l'écoutant, je me fascine de l'aisance et du temps que Sémy peut offrir à son écriture. J'en arrive à me confier à lui... Je porte une peur en moi... Cette peur de m'être imposé un projet trop lourd... Comment réussir à finaliser ce roman avec le peu de temps dont je dispose. Il me faudra surement quatre ans, peut être même plus pour voir ce travail achevé. Sémy, qui a souvent une grande clairvoyance me soumet alors une idée "Puisque tu sembles tenir énormément à l'univers fantastique de ton roman, nourris-le avec des écritures annexes qui pourront te servir en amont... Ecris des nouvelles, des contes..." 

Cette idée de Sémy, m'empêche de trouver le sommeil. Au milieu de mes rêves agités, j'explore déjà des pistes et des thèmes de contes qui viendraient alimenter le Royaume de Faery. Impossible de dormir, je me lève et décide de commencer à griffonner pendant que les feuilles d'automne s'entassent en bas de mon immeuble.        

Le cœur dans la main (chronique publiée sur le blog le 22 octobre 2010)
Vous avez certainement entendu parler de la bosse de l’écrivain ? Elle naît de l’appui incessant d’un stylo sur votre majeur… Car c’est bien connu, les accros des mots, des ratures et des chiffonnades de papiers, sont de véritables tyrans avec leurs mains. Pour la petite histoire, j’ai malmené mes mains très jeunes.  Bien avant de savoir écrire. Aux jardins d’enfants je voyais tous mes camarades si talentueux, créant les futurs œuvres d’art de demain. Ficelant des colliers de nouilles, modelant des pots en terre cuite. Moi ?... J’étais nul. Une catastrophe. Il était clair que la fée pinceaux ne c’était pas penchée sur mon berceau. Mais ce jour là j’ai trouvé une utilité bien plus grande à celles-ci… Les dévorer.
Oui je me suis mis à me ronger les ongles sans fin me demandant si ces fichus mains allaient un jour me servir à autre chose qu’à me faire des manucures buccales. Puis j’ai appris à écrire, et dès ce jour cette lubie ne m’a vraiment plus quitté. Mais mon envie de créer me frustrait tellement que je m’en dévorais toujours les doigts… Je pensais que cela passerait mais la vie a entretenue ce rituel tant ses obligations ne sont pas créatrices …  Je me rongeais les ongles en cours de Math au lycée, en cour de découpage filmique à la fac, avant un entretien d’embauche, avant une facture à payer…
J’écrivais, je gribouillais depuis déjà des années et un jour, je l’ai remarqué… Ma deuxième petite mutilation, ma bosse  de l’écrivain… Seulement la mienne ne se trouvait pas sur le Majeur, mais sur mon annulaire. J’ai toujours eu une façon étrange de tenir mes stylos depuis l’école.
Même si nos sociétés moderne ont apporté à l’écrivain des moyens bien plus novateur pour écrire, il est certain que nombreux d’entre eux aiment encore les rayures et tâches d’encres sur le papier. J’en fais encore partie… Mais peut être pas pour toujours.
Oui la bosse de l’écrivain est en voie d’extinction mais elle sera certainement généreusement remplacée par une bonne cataracte ou une arthrose précoce sponsorisées par un grand nom de l’informatique. Tout cela pour amener à un tout autre sujet… Où plutôt, une réponse, à une question qui m’a été posé récemment. Je suis persuadé que vous avez déjà eu à y répondre de nombreuses fois.
Que regardez-vous en premier chez quelqu’un ?
Je sais que c’est un rituel un peu absurde pour beaucoup de gens mais depuis toujours, mon regard se pose sur les mains. Ironique n’est ce pas ? Surtout quand on sait dans quel état sont les miennes. Mais ce que j’aime chez elles… C’est idiot… C’est ce jeu de miroir qu’elles nous offrent sur une personne avant même de la connaître. Elles peuvent révéler tellement de choses, rien que dans leur manière d’agrémenter une conversation ou encore leur façon d’afficher au grand jour (parfois timidement) les marques d’anxiété et de stress.
J’aime cette idée que le langage et le partage naissent dans les mains, dans celles qui se passionnent pour les mots ou celles qui savent s’offrir à l’inconnu… à un ami. Que l’amour n’est sincérité que lorsqu’il est couché sur une caresse. Que l’art n’est beau que dans l’habileté des doigts caressant les cordes d’une guitare, les touches d’un piano, tenant avec agilité les pinceaux aux couleurs infinis ou le stylo aux phrasés envoutants…

Oui je regarde toujours les mains car je pense que notre cœur est dans leur creux. Faut-il encore leur donner l’occasion de partager cet amour… Aujourd’hui je peux le dire, j’ai traversé bien des tempêtes avec ces demoiselles… Et même si les gens les ont blessées, je sais désormais pourquoi je les aime tant… Leurs ongles abîmés, leur bosse grossière… Je m’en moque… Parce qu’elles ont enfin crée… Ma vie.

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