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lundi 16 janvier 2017

Chapitre 10 (Le Journal de l'auteur perdu)


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Cher journal... Il y a des journées comme ça... 




Novembre 2010, 

Certains matins commencent très mal... Et donnent le ton de la journée à venir ! Il est 6h15 lorsque mon téléphone se met à sonner. Je le cherche un court instant, lui qui s'est perdu dans mes draps pendant la nuit. Je décroche avec une voix à la frontière entre fatigue et agacement... Je reconnais vite celle de Zahara à l'autre bout de fil. Elle m'annonce un peu gênée qu'elle est malade et ne pourra pas venir travailler aujourd'hui : "Ne t'inquiète pas j'ai prévenu Madame Zeitoun et elle envoie une remplaçante à l'accueil aujourd'hui, tu pourras commencer plus tard comme prévu" 
Ces mots me rassure même si l'idée de passer une journée sans Zahara à mes côtés ne m'enchante guère. 

Une fois la communication terminée, je repose lentement ma tête sur l'oreiller... Mais à peine le temps de fermer les paupières que mon téléphone sonne à nouveau. Cette fois c'est Madame Zeitoun ! : "Julien ! j'ignore si vous êtes au courant mais Zahara est en arrêt de travail aujourd'hui... Du coup j'ai trouvé une remplaçante pour la journée. Elle commence à 8h30. Je vous demande d'être là à 7h30 pour ouvrir l'accueil, l'accueillir et la former en vitesse... A tout à l'heure". 
Comme à son habitude Madame Zeitoun ne m'offre aucun droit de réponse... Une fois son monologue terminé, elle raccroche. 

Mes yeux peine encore à s'ouvrir... Mais je réalise que j'ai tout juste une heure pour être à l'accueil de la rue Bergère... Et là, la panique m'envahit. Pas de doute : une journée de merde commence !
Je quitte mon appartement à toute allure, la bouche encore barbouillée de dentifrice. J'essaye de nouer ma cravate en dévalant les escaliers. Pas le temps de m'arrêter ce matin... Si je n'arrive pas à l'heure à l'accueil, je pense que les foudres de madame Zeitoun seront terribles. Pour la première fois de ma vie, je suis un "vrai" parisien. Je bouscule les touristes, je hurle sur les gens qui me marchent sur les pieds dans le métro, je cours sans calculer personne dans les couloirs... Pas même Pépé qui semble du coup un peu décontenancé.

Je regarde l'heure, c'est génial ! je suis dans les temps. Je monte dans mon dernier métro avec soulagement. Il ne peut plus rien m'arriver, je relâche la pression... C'est là que mon regard se pose sur cette femme en tailleur... Elle a le regard fuyant et le teint pâle... Je dirais plutôt qu'elle a le teint aussi jaune qu'un citron de Menton. Cette femme va faire un malaise, c'est inévitable... Personne n'en doute. Egoïstement j'espère qu'elle me respectera un minimum et tourna de l'oeil après ma station ! 

Pas de bol... Prise d'une bouffée de chaleur soudaine, la femme en tailleur s'évanouit et tombe de tout son long entre les strapontins de la rame. Des gens se précipitent à son chevet, quand d'autres se mettent tout bonnement à râler : car c'est bien connue Paris est la ville des amoureux mais aussi des râleur ! De mon côté, bêtement cramponné à la rambarde, j'ai juste envie de pleurer... Toute cette course inutile et stressante... pour finir dans le même métro qu'une quinquagénaire exténuée qui n'a pas digéré son bol de Kellogg's au petit déjeuner.



Cette fois je serai bel et bien en retard ! J'imagine déjà la colère de Madame Zeitoun ! Il se pourrai même qu'elle me renvoie dès mon arrivée à Bergère. A cause de ce malaise, nous avons dû attendre les secours, descendre du métro, attendre le suivant... Résultat j'ai plus d'une demi-heure de retard ! Perdu pour perdu, je m'arrête prendre un café au Starbucks puisque j'ai encore le ventre vide. En arrivant dans le hall de l'accueil avec mon Macchiato à la main, je découvre que la remplaçante est là et qu'elle s'est déjà installée.

Elle s'appelle Cynthia... A dire vrai, j'aurai toutes les peines du monde à vous la décrire... Disons que si la vulgarité et le mauvais goût avaient eu un enfant, ils auraient surement pondu Cynthia. Elle semble peu enclin à vouloir travailler. Elle s'est installé dans le fauteuil de Zahara et passe son temps sur son portable tout en trifouillant le chewing-gum qu'elle a dans la bouche : "Ce mec, tu vois, Mounia l'a rencontré sur les réseaux sociaux, elle croyait que c'était sa moitié, sauf que a la soirée de JP, il est venu me draguer... Il m'a suivi aux toilettes... Bah si jte jure !" voilà entre autre chose le genre de conversation téléphonique que je dois supporter... 

Je sens que ma journée va être longue ! Alors que j'essaye de la former un minimum aux tâches de l'accueil. Cynthia n'a qu'une envie, se confier à moi sur sa soirée comme si nous étions amis de longue date : "Tu vois ce mec, Kevin, je pense qu'il est pas arrivé par hasard dans ma vie... Ouais j'y crois... Maintenant faut grave qu'on voient comment on va le dire à Mounia" 

Ce matin, j'ai bien compris que je dois gérer l'accueil tout seul... Les copines de Cynthia l'appellent une à une, pour que celle-ci leur raconte ce moment charnel entre elle et Kevin, enfermés à double tour dans les chiottes de chez JP. Je l'ai tellement entendu raconter cette soirée ce matin, que j'ai presque l'impression que j'y étais aussi !...
Pour retrouver mon calme et apaiser mon esprit, une fois la vague de réunion passée, je me mets à écrire mes contes et à développer les premiers sujets à traiter pour ce nouveaux projets. Etrangement Cynthia semble enfin s'intéresser à mon cas... : 
"C'est quoi ? t'écris une histoire ?" me sort-elle sur un ton plus qu'ironique. Lorsque Cynthia découvre que c'est réellement le cas, son visage se met à changer. "Wow ! moi j'admire ! j'aimerai pouvoir écrire mais j'ai pas d'imagination... Ca raconte quoi ?" 

Je commence alors à lui raconter l'histoire d'Ivan, mon héros, abandonné à son sort et recueillis par deux Gnomes au coeur d'une vaste et riche forêt enchantée. Je lui parle des nombreux ponts que je fais dans ce livre avec la culture et la mythologie Celte sans oublier les clins d'oeil à la chevalerie et l'art de vivre du haut moyen-âge. D'un coup, Cynthia semble plus douce et attentive. Mais c'est sans compter sur son téléphone qui se met à vibrer "Oh merde ! c'est Mounia putain ! C'est intéressant ton truc mais tu sais moi j'aime pas lire... J'attendrai le film !" me sors t-elle sans ménagement tout en décrochant son téléphone.

Finalement j'ai survécu à cette journée... Ce soir, je retrouve Eva au carrousel du Louvre pour manger avant de rentrer. Dans la rame de métro, je continue d'écrire, tant l'inspiration ne me quitte plus ces derniers jours. Sur mon MP3, passe en boucle, les musiques de Loreena McKennitt... S'il y a bien une artiste que j'admire, une artiste qui me porte et m'inspirera toujours, c'est bien cette femme extraordinaire et virtuose. 

Ce soir dans le McDonald du carrousel du Louvre, je raconte à Eva, cette affreuse journée avec Cynthia... Mais finalement avec le recul, tout cela devient plus comique qu'autre chose... Eva me parle alors de son travail musical. Elle me fait écouter avec fierté une maquette de chanson qu'elle a enregistré avec un copain. Je suis tellement fier d'elle... Etrangement alors que cela fait des années que nous nous connaissons, c'est la première fois que je découvre sa voix "chantée"... Un vrai bonheur !

Dans le métro qui me ramène vers mon petit studio, je m'endors doucement sous les notes apaisante de Loreena McKennitt et ne remarque même pas le SMS de Zahara : "Ne t'inquiète pas Juju, je suis de retour demain".  



LoreenaMcKennitt et les Caravansérails (chronique publiée sur le blog le 09 octobre 2010)



Une nouvelle semaine où je partage avec vous, une petite histoire de musique qui nous emporte cette fois dans l’univers onirique de LoreenaMcKennitt...
Si je devais citer une artiste qui a toute sa place dans mes interrogations et mes inspirations, ce serait LoreenaMcKennitt… J’ai découvert cette grande dame par hasard à l’adolescence en écoutant un disque de musique du monde dans une boutique "Natures et découvertes", un après midi alors que je séchais les cours du lycée… Depuis ce jour l’univers généreux de LoreenaMcKennitt ne m’a jamais quitté (mais j’aurai bien l’occasion de reparler de tous cela…)

Parlons de cette chanson plus particulièrement. Caravanserai est une balade qui a toute son importance. C’est un grand message, une lourde réflexion sur la vie que je m’efforce de toujours fouiller et de partager dans mon travail d’écriture.

Je me souviens de cette rentrée 2006… Une nouvelle vie venait de démarrer pour moi, je me retrouvais pour la première fois seul et perdu dans les rues de Paris… Sans mes repères, sans mes amis…Traversant chaque jours les longs couloirs de métro. Les bras chargés de bouquins d’études sur l’histoire de l’art. Au milieu d’amphithéâtres immenses où se rejouait devant mes yeux des siècles de peintures, de sculptures et d’écritures… Je ne m’étais jamais senti aussi petit de toute ma vie… Ce sentiment d’être un pas grand-chose, une poussière éphémère qui voyage sans trop savoir où dans les dédales parisien. J’étais si insignifiant au milieu de l’Histoire, si transparent dans la foule des 
Grands boulevards.
Mon seul moment de détente, mon apaisement, se trouvait dans les rayonnages de la "Fnac de châtelet" où je pouvais rester des heures à lire et à m’imprégner de l’histoire des Celtes pour agrémenter mes premiers travaux d’écriture. Je faisais une véritable halte, délaissant un instant ma vie trop lourde, profitant de l’enrichissement relaxant que l’on perçoit, en tournant les pages d’un récit passionnant. Un soir après les cours je me suis de nouveau précipité au milieu du rayon d’Histoire des Civilisations, après maintes lectures, j'ai trouvé l'inspiration au milieu de la musique... Et plus particulièrement celle de "An Ancient Muse", le nouveau CD de LoreenaMcKennitt qui ne tarda pas à rentrer de Paris avec moi.

La musique de Loreena résonna à nouveau à mes oreilles comme une interrogation passionnante et infinie, éveillant tant d’histoires, d’univers et de voyages, que l’envie d’écrire ne semblait plus me quitter. Ma curiosité musicale s’arrêta plus particulièrement sur cette chanson « Caravanserai ». Les siècles passants, les valeurs de partage et d’amitié se dégradant, nos sociétés creuses et impitoyables ont oublié l’époque où les Caravansérails fleurissaient sur les routes sinueuses des voyageurs. J’en avais d’ailleurs jusqu’à ce jour ignoré l’existence…

Mais qu’est ce qu’un Caravansérail me direz-vous ? Ces édifices généreux virent le jour en Perse puis au Moyen-Orient il y a bien des siècles… Ces haltes aux voyageurs réunissaient tous types de cultures et tous métiers : agriculteurs, marchands, vagabonds ou artistes cohabitaient le temps d’une nuit dans ses lieux.

Beaucoup d’études et de recherches ont permis d’apprendre que de nombreux Celtes d’Europe se sont retrouvés dans ces  contrées et qu’ils commerçaient beaucoup avec l’orient. Les Caravansérails étaient alors des lieux éclectiques ou se mélangeaient les cultures, les histoires, les langages, les gastronomies et les expériences. Il n’y a rien de plus universel qu’un rendez-vous imprévu sur une route inconnue, une histoire partagée et un lien indéfectible posé à jamais au bord d’un chemin où deux êtres se sont un jour rencontrés…

J’ai depuis longtemps la certitude que nous sommes tous nomades. Nous passons notre vie à réinventer, à changer, à voyager… L’être humain n’est pas encré dans le sol, il porte avec lui ses racines dans un lourd sac à dos et parcours les chemins de la vie. Mais ces routes sont longues et souvent difficiles… J’aurai tant aimé faire une halte dans un Caravansérail pour reprendre mes forces, et rencontrer ceux qui comme moi transporte avec eux un chargement de rêves peut être différent du mien, mais tout aussi riche et captivant.

Hélas le temps, et la cupidité des Hommes sont passés telle une tempête de sable sur les derniers Caravansérails, les laissant désormais silencieux à jamais… Pourtant cette question ne cesse de me tourmenter… Comment pouvons-nous désormais parcourir la vie sans ces haltes rassurantes, sans ces instants où l’on oubliait nos certitudes pour n’être que le fruit de récits lointains…?

« Caravanserai » de LoreenaMcKennitt a eu une autre influence dans mes écrits… Car en hommage à cette lourde réflexion et à ce regret de ne jamais connaître ces partages éphémères et enrichissants, j’ai consacré dans l’un de mes livres une place particulière à tous ces voyageurs qui ont un jour tenue festin, fêtes et repos dans les régions des Caravansérails.

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