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lundi 23 janvier 2017

Chronique 2016 : Ecrire sur les Indiens

Avant propos de la chronique : 
Dans ce texte, griffonné dans mon carnet de note à l'automne 2016, je parle du point de départ de mon travail d'écriture sur un nouveau roman. J'évoque la difficulté de s'approprier l'Histoire sans la dénaturer et sans la laisser trop s'installer également. Je me confie sur ce personnage principal que j'invoque et que je laisse venir à moi... 


J’ai brassé de nombreux thèmes dans mes écrits : Les légendes celtes, les récits fantastiques, les chroniques personnelles et un journal intime assez léger mais depuis longtemps je rêvais d’écrire sur les Amérindiens. Leur Histoire, leur destinée tragique et incompréhensible ont toujours nourrit en moi une curiosité. 

Depuis tout petit je me passionne pour la vie des Indiens d’Amérique. Je les ai d’abord découvert par la télévision et le cinéma. Tantôt dépeint comme des barbares tantôt comme des braves, je n’ai réellement compris leur intériorité qu’en lisant en 2008 : Enterre mon coeur à Wounded Knee de Dee Brown. Une fresque historique assez large qui balaye une palette de tribus indiennes marchant vers le même destin funeste. 

Dès ce jour, j’ai voulu écrire sur ces hommes, ces femmes et ces enfants à qui l’on a volé leur terres, leurs croyances, leurs langues. Des gens que l’on a séparés, torturés, confinés dans des réserves tristes et insalubres. Mais pour me lancer dans ce nouveau récit, il me fallait des épaules solides, une histoire convaincante et juste. 

J’ai griffonné pas mal de piste sur ce possible roman d’Amérindiens entre 2008 et 2016 en parallèle d’autres projets… Mais rien de ce que j’imaginais ne me semblait assez pertinent pour me lancer dans cette aventure. Je recherchais un personnage fort. Un personnage avec lequel j’aurai envie d’emmener le lecteur aux confins des émotions sans pour autant trop me reposer sur le drame historique. Je voulais que mon personnage reste un grain de sable sur la fresque historique mais qu’il soit justement plus puissant qu’elle le temps du récit. Le dosage était complexe.

Je n’avais pas totalement fermé la porte à l’éventualité de ce futur roman mais n’ayant aucune piste assez solide, j’étais passé à tout autre chose. Jusqu’à ce jour où j’ai assisté impuissant devant mon téléviseur à la monté du « populisme » un peu partout en occident. Entre les discours nauséabond, les stigmatisations incessantes et le retour d’un racisme ordinaire qui semblait vaincu, je me suis rendu compte que l’Homme n’apprenait rien de l’histoire et qu’il éprouvait presque une certaine jouissance à la répéter pour s’éviter la lourde tâche de dessiner les contours d’un autre monde…   

Parallèlement à ces images douloureuses que je recevais en pleine figure chaque jour, j’ai découvert une série de reportages (Terres indiennes) qui ont très certainement étaient le moteur nécessaire à l’envolée de ce nouveau projet littéraire. Grace à ces deux éléments assez différents mais portant pleins de similitudes, j’ai trouvé le message, la route et la moralité que je voulais donner à mon histoire indienne. 

C’est déjà un grand pas de savoir la route que l’on va emprunter  lorsqu’on est écrivain. Mais l’on sait à ce moment là que le chemin est long pour rencontrer ses personnages. Pour ma part, je les laisse toujours venir à moi par le biais de la méditation. Je sais qu’ils sont en moi quelque part… J’instaure alors un silence, une ambiance pour les laisser s’émanciper de mon esprit et devenir des êtres à part entière. 

Ce soir là dans l’espoir de rencontrer l’Indien qui serait le héros de mon histoire, j’ai sacrifié une nuit de sommeil. Je me suis assis en tailleur sur le parquet froid de mon appartement. J’ai oublié mes murs et les bruits de la ville. Je me suis imaginé des plaines étendues et un feu crépitant sous mes mains inspirées. Je me suis imaginé une lune ronde et des étoiles en pagaille. Je l’ai attendu, en silence, cet indien qui impulserait mon histoire. 

Je l’ai attendu et il a finit par venir… Il s’est assis en face de moi, digne et fier. Il ne m’a pas adressé la parole, il s’est contenté de me fixer. Il m’a laissé entrevoir ses fêlures, ses chagrins, ses souvenirs, ses rires, ses combats… Il s’est assis en face de moi, digne et fier, il m’a laissé inventer son histoire, inventer ses voyages et ses promesses. 

Alors que mes yeux tombaient de fatigue et que le feu semblait mourrir à nos pieds, il s’est levé, à repris sa route, disparaissant peu à peu dans l’herbe haute de la plaine. Au petit matin je me suis réveillé sur mon lit, agressé par les bruits de la ville et l’oppression de mon petit appartement. Je me suis réveillé différent… Je venais de rencontrer mon nouveau héros… Je venais de poser les bases inébranlables d’une nouvelle histoire… d’indiens.      

    

2 commentaires:

  1. C'est vrai que quand j'achète un livre et que je le finis rapidement, je n'imagine pas le travail de recherche de l'écrivain en amont, le temps qu'il a passé à créer ce livre.
    Et même si je suis frustré que la suite n'arrive pas assez vite à mon goût (bah oui attend pourquoi faire une suite et pas tout sortir en un seul bloc ??? :) ), je veux bien admettre qu'avant d'être écrivain, vous êtes avant tout des Sherlock Holmes en puissance !

    Et à cela je dis bravo, car non content d'avoir de l'imagination à revendre il faut savoir quoi et où chercher les précieuses informations qu'il faut pour assembler toutes ces idées !

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    1. La recherche avant d'écrire, c'est l'une de mes parties préférées de l'écriture. Il y a tant de routes possibles, tant de découvertes fascinantes et d'histoires inconnues. Le travail de recherche me donne l'impression de grandir un peu plus à chaque oeuvre que je démarre. J'ai tant appris sur les Amérindiens... Et je sais qu'il me reste encore beaucoup de choses à apprendre.

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