Avant propos de la chronique :
7 Octobre 2016, Au milieu de l’écriture d’un nouveau roman, je suis tombé sur la danse gracieuse et envoutante d’Ahmad Joudeh dans une vidéo sur YouTube. J'ai découvert ce garçon par pur hasard sur ces images un brin flou et imprécise. Impossible de ne pas être touché par le parcours d'Ahmad... Ce soir, en découvrant son histoire, je n'ai pu retenir mes larmes. Tout en faisant le parallèle avec ma façon (très libre) de vivre mon art, j’ai posé les mots d’une nouvelle chronique…
La Danse d'Ahmad
J’ai toujours cru que l’art aidait à grandir et à être une version meilleure de soi. Même si mes doigts ont joué avec les instruments de musique, les pinceaux et les fusains, c’est dans l’écriture qu’ils ont trouvé leur plus sincère expression.
Ces dernières années j’ai constaté qu’une ombre s’est installée dans mon art. Une noirceur, une fêlure que je ne connaissais pas. J’ignore si mon écriture s’est assombrie par pur hasard ou si elle n’est que le reflet d’un monde plus instable et incertain.
Comme j’ai de la chance, de pouvoir écrire… Ecrire à l’infini, sans filtres, ni barrages… Sans peurs, ni représailles. Comme j’ai de la chance de pouvoir écrire ma vérité, mes histoires et mes états d’âmes. Oui en ce qui me concerne, je n’ai que de la « chance »… Pour d’autres faire vivre un art relève du combat, du courage et de l’héroïsme.
Ce soir, sur mon écran, tandis que je cherchais mes mots pour une énième histoire, tranquillement posé sur mon lit, mes yeux d'artiste ont rencontré Ahmad. Il dansait sur une vidéo de quelques minutes, tournoyant avec précision et dignité dans les décombres de ce qui fut jadis son « chez lui ».
Il est vrai que je ne connais pas ce garçon qui vit à des milliers de kilomètres. Pourtant, il ne fait aucun doute qu’il est mon frère… Un frère d’art à la recherche de beauté, de vérité et de liberté.
Ahmad risque sa vie chaque jour, chaque minute… Malgré tout il n’a pas fuis les barbares et les bombes. Il est resté pour danser dans la poussière et pour continuer à enseigner et transmettre son talent. Impossible de retenir mes larmes, de ne pas ressentir de la colère, de l’impuissance…
J’ai si peur pour lui. Lui, qui semble être l’un des derniers espoirs de son pays sacrifié. Ahmad n’en a peut être pas conscience mais il est un véritable miracle… Une preuve, s’il en fallait encore une, que l’Art survivra toujours dans le néant et la guerre.
Ahmad n'a pas gagné cette force par hasard... Sa mère, une femme du désert de Palmyra, est un exemple d'humilité et d’humanité assez rare. Elle a soutenu Ahmad dans les tempêtes et les passions avec un amour sincère. Seul et impuissant, dans ma petite chambre aux lumières tamisées, je m'inquiète pour eux. Eux qui n'ont pas les moyens de s'engager dans ce long voyage qui conduit vers l'Europe.
J’espère qu’un jour … bientôt ou même demain, Ahmad aura un rôle, une importance dans la construction d’un avenir meilleur et d’un art libéré. Je ne doute pas un instant que ce garçon y prendra toute sa part. J’espère qu’un jour… bientôt ou même demain… Ahmad pourra enfin se dire « Comme j’ai de la chance de
pouvoir danser… Danser à l’infini, sans filtres ni barrages… Sans peurs ni représailles. Comme j’ai de la chance de pouvoir danser ma vérité, mon histoire et mes états d’âmes » J’aimerai pouvoir lui donner un peu de ma chance et le soulager dans ses nombreux combats.
J’ignore si Ahmad tient bon dans ce monde instable. Je suis un homme qui prie bien peu. Mais ce soir, je prierai pour toi Ahmad. Que Dieu te protège, toi, les tiens, ta danse et ton élégance. Que Dieu te protège et te garde près de nous. Danse autant que j’écris… Danse avec autant de fougue et d’insolence que mes mots… Danse mon frère jusqu’à ce jour où je pourrai enfin m’assoir dans ce théâtre et te voir vivre sur une scène de ton pays…
L'art unit les peuples, mais dans certains pays il est difficile de s'exprimer malheureusement...
RépondreSupprimerJ'avais vu par hasard aussi la danse de ce jeune homme, et je m'étais fait la remarque qu'il prenait des risques énormes pour exprimer son art et attirer une attention extérieure sur l'enfer de son pays... C'est très courageux de sa part. Quand tu vois que d'autres personnes n'ont pas la chance d'exprimer leur art comme ils le voudraient je pense à certains écrivains ou réalisateurs de films qui sont emprisonnés.
Nous avons la chance d'être en France malgré tout.
Oh que oui. La chance de pouvoir s'indigner, réfléchir, s'exprimer et espérer faire passer les messages qui nous sont chères.
SupprimerL'art émancipe les âmes, ce n'est pas pour rien que tant de monde veulent parfois l'étouffer.