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dimanche 4 février 2018

Chapitre 11 (Le Journal d'un auteur perdu)


Si vous avez manqué les chapitres précédents, retrouvez-les en cliquant dessus ! : 

Cher Journal... Je retombe en enfance



Décembre 2010,
Depuis quelques jours déjà, la neige s'est invitée sur la capitale. Les parisiens d'ordinaire si gueulards, ont écarquillé les yeux comme des gosses et se sont mis à scruter le ciel... Hélas cette contemplation positive n'aura duré que quelques heures... Le temps pour eux de réaliser que la neige paralysait désormais les axes routiers, les grands boulevards et même les transports en commun. Bon je fais mon malin mais en réalité je suis dans le même état d'énervement... Tenez, par exemple, ce matin me voilà sur un quai bondé, sous les flocons à attendre nerveusement un métro qui visiblement ne passera pas.

Heureusement pour moi, Zahara est déjà arrivée à l'accueil de la rue Bergère. Depuis que la tempête de neige a commencé en fin de semaine dernière, nous nous sommes passés nos codes d'accès pour la pointeuse, ce qui nous permet de ne pas avoir de retard (du moins d'un point de vue purement informatique). 
Pour être honnête, je pense que si Madame Zeitoun découvrait la supercherie, nous serions virés dans la minute. Nous nous sommes promis de ne pas en abuser et surtout cela fait bien 4 jours que la dite Madame Zeitoun ne vient pas à la banque vu qu'elle ne peut pas prendre la route en raison du temps. Lorsque j'arrive à l'accueil (avec une bonne heure de retard), je découvre Zahara derrière le comptoir de l'accueil avec un panier rempli de viennoiseries : "Les séminaires de la journée sont annulés, du coup tout ça c'est pour nous !" 
J'ai à peine le temps de m'assoir que Zahara me tend déjà un café et pain au chocolat. Le hall de l'accueil est vide, il n'y a personne aujourd'hui. Le téléphone ne sonne pas, pas de mails, pas de rendez-vous... Du coup avec Zahara nous en profitons pour parler un peu de nos vies en enchaînant les cafés.

"ça serait quoi ton plus grand rêve, là tout de suite ?" me demande Zahara. 
Je fais mine de réfléchir un instant mais en réalité, la réponse est déjà au bout de mes lèvres : "Je voudrai finir mon livre d'héroïque-fantasy, trouver un éditeur, enfin pouvoir vivre des mots et quitter ces jobs ridicules"
"Tu n'aimerai pas trouver l'amour ?" 
"Je suis tombé amoureux une fois... Et je n'ai absolument pas envie que cela se reproduise..." Je ne suis pas rentré dans les détails, je n'avais pas vraiment envie d'ennuyer Zahara avec mes histoires passées... cette relation désastreuse avec Charles et les conflits qu'elle a amené avec ma famille.    

Après cette journée peu éreintante (je dois l'avouer), je sors de la banque pour retrouver la neige qui ne cesse de tomber... Et cela commence légèrement à me gonfler comme beaucoup de gens par ici. Je cours à travers les couloirs de métro en espérant que mon train daignera passer. Tout en scrutant avec anxiété les écrans d'arrivée des métros, je passe comme à mon habitude devant Pépé et Diego. Je m'arrête un instant pour sortir un ticket resto. Pépé semble fatigué et surtout frigorifié... Je lui demande alors s'il pense à s'abriter le soir et si quelqu'un l'aide mais je me doute déjà (malheureusement) de sa réponse, il refuse de laisser Diego dehors et préfère affronter le froid plutôt que côtoyer les centres d'accueils.
Dans mon petit appartement, ce soir, je ne contemple pas la neige. J'écris, j'écris sans m'arrêter les aventures de mes personnages. Je peaufine leurs histoires et leur long voyage... En espérant inconsciemment qu'un jour, ils m'aideront à sortir de cette vie médiocre qui m'exaspère. 



5h30 et mon réveil sonne à nouveau pour me rappeler que je vois aller bosser. En ouvrant mes volets, j'espère découvrir que la neige est partie mais ce n'est pas le cas. Les flocons continuent de s'entasser à ma fenêtre. Ce matin je me lève tout de même avec le sourire car ce soir, je vais à un concert avec une amie... Un concert un peu particulier je dois l'avouer : Le concert de Dorothée. Pour situer Dorothée (pour ceux qui ne la connaissent pas), c'était l'animatrice et chanteuse  d'une émission télé pour enfant dans les années 80-90. Avec mon amie Virginie, nous n'avons pas hésité à prendre les places pour son concert... Ce soir j'ai décidé de retourner en enfance !

Je m'arrête prendre mon café du matin. J'en profite pour en commander un deuxième que je laisse à Pépé en passant.
Ma journée avec Zahara se passe sans encombre. Une nouvelle fois les réunions s'annulent les unes après les autres et Madame Zeitoun semble ne pas pointer le bout de son nez... Zahara se moque légèrement de moi lorsque je lui raconte que je vais au concert de Dorothée à Bercy ce soir. Difficile de vraiment l'expliquer mais je garde une tendresse particulière pour cette époque de dessins animés et de chansons.  

Malheureusement pour moi, cette soirée semble quelque peu compromise avec cette neige qui ne cesse de paralyser Paris. Après le travail, je rentre en vitesse chez moi pour me préparer. Je prends une douche et sort les fringues les plus "années 90" que contient encore mon armoire. Je jette de temps à autre un oeil à la fenêtre, espérant voir la neige cesser de tomber. Mon téléphone se met à sonner, sans surprise c'est Virginie que je dois retrouver pour me rendre à Bercy. 

"Julien, tu as vu la neige ! les métros circulent au ralenti, je pense que ce n'est pas raisonnable qu'on aille au concert !"
Virginie a surement raison... Mais j'ai tellement besoin de me changer les idées, d'oublier un instant mes problèmes, mon roman, mes chroniques... J'ai besoin de m'amuser... D'être un enfant pour un soir ! 
"On s'en fiche ! on ne peut pas rater ça ! Donc on se motive, dans 15 minutes on se retrouve à la gare !"

On se rejoint comme prévu sur le quai remplis de neiges quelques minutes plus tard. Nous sommes les seuls à affronter le froid et les écrans d'information n'annonce aucun train. Avec Virginie nous partons dans un long fou rire ! Sommes-nous devenus fous ? Un train finit par arriver, on se jette sans réfléchir dans la rame de métro, ignorant si nous en aurons un pour rentrer après le concert.
En arrivant devant le palais omnisports de Bercy, j'ai coeur noué... Je suis ému. Je suis venu tant de fois ici, petit avec ma mère et mon père pour voir chanter mon idole. Qui aurait cru que 20 ans plus tard je reviendrai ici pour la même occasion. 

Lorsque nous entrons dans la salle, nous courrons comme des gosses avec Virginie pour prendre nos places réservés. A peine installés, nous réalisons que nous sommes assis dans le carré VIP du concert. Non loin de nous, nous avons les acteurs des sitcoms du Club Dorothée ("Premiers baisers" "Hélène et les garçons" "Salut les musclés"), quelques personnalités de la télévision et du show-biz. Assez amusés de se retrouver dans le carré VIP, nous ne pouvons nous empêcher de partir dans des éclats de rires avec Virginie : "Je t'avais dis qu'on devait absolument venir !" 
A côté de moi, un jeune animateur d'une grande chaîne de télévision s'installe. Il est accompagné de quelques amis mais il n'écoute guère leurs conversations. Il s'amuse des commentaires que Virginie et moi faisons des uns et des autres. Il nous trouve très certainement un brin plus naïfs et exaltés que la majorité des gens de notre rangé.
Juste quelques secondes avant que la salle ne soit plongée dans le noir, il me tapote sur l'épaule et me chuchote à l'oreille "Alors on est prêt à retomber en enfance ?" Son geste me surprend, je finis par lui lancer un sourire dont j'ignore la porté puisqu'au même moment, la salle de Bercy se retrouve dans le noir.

Très vite, ce concert prend des airs de fête géante. Avec Virginie, nous dansons, chantons et sympathisons avec les gens autour de nous... Ce soir, il n'y a plus de doute, nous sommes tous des gamins sous l'oeil bienveillant de notre idole : Dorothée.
L'animateur TV n'hésite pas à rigoler avec nous. Je le regarde avec amusement, il semble un peu plus déluré que l'image qu'il donne à la télévision. Pendant l'entracte, nous prenons un instant pour discuter avec lui. "Je ne vous connais pas ? vous faites quoi dans la vie, blogger ? chroniqueur ? journaliste ?"  nous demande t-il. Virginie lui répond alors avec une franchise non contenu "On est personne, on ne sait même pas comment on a été placés avec les stars !" J'observe attentivement son regard lorsque le mot "Star" arrive à ses oreilles. Un mélange de fierté et supériorité mal venu... Je me décide donc de le faire redescendre de son pied-d'estale : "Et toi tu fais quoi dans la vie pour être parmi les VIP ?" je m'amuse de voir son visage se fermer et s'interroger sur sa petite notoriété chancelante, tandis que Virginie un peu gênée essaye de rattraper mon insolence "Moi je regarde tes émissions de temps en temps ?" Le jeune animateur finit par sourire à nouveau voyant que je joue sympathiquement avec ses nerfs, il me lance donc sur un ton malicieux "Il faut regarder un peu plus la télé jeune homme". 

Sans vraiment l'expliquer, je finis par me perdre dans son regard si brillant et expressif tandis que la salle replonge dans le noir pour le deuxième acte. Dorothée, revient sur scène pour continuer son tour de chants des mélodies de notre enfance. Les titres s'enchainent sur la même bonne humeur communicative. Mais l'heure tourne et Virginie me fait remarquer que minuit approche "On devrait rentrer, les derniers métros vont passer et si on les ratent on sera coincé ici sous la neige !" 
Sans grande hésitation, nous commençons à enfiler nos manteaux tout en profitant d'une dernière chanson. Je tente de dire au revoir à notre ami animateur TV mais il semble tellement absorbé par le concert que je m'éclipse sans qu'il ne s'en rende compte. C'est vrai, je suis déçu de partir comme ça... Mais il faut que je me reprenne... pourquoi j'accorde autant d'importance à ce garçon ? c'est ridicule !

Nous remontons les gradins qui nous conduisent vers la sortie quand une main m'agrippe à nouveau l'épaule. A cet instant, un sourire à peine dissimulé se dessine sur mon visage... Je sais que c'est lui ! 
"Tu partais sans me dire au revoir" me lance le bel animateur TV. 
"On va rater notre métro si on ne pars pas..." 
Il glisse alors dans mes mains une carte de visite avant de retourner dans la salle. 
"Promet moi que tu m'appellera, j'aimerai bien prendre un café !" 

C'est donc sous une neige persistante que nous quittons cette soirée avec Virginie. Le sourire aux lèvres, nous chantonnons les classiques de Dorothée. Il n'y a plus doute... Je suis réellement redevenu un enfant ce soir !            


Mon enfance avec Dorothée (chronique publiée sur le blog le 04 Février 2011)
Aujourd’hui, je m’intéresse à ces marques que nous laissent l’enfance. Ces souvenirs bons ou mauvais qui nous accompagnent et surtout, nous forgent. Je vais (si vous le voulez bien) vous raconter cette petite histoire, qui pour beaucoup ne serait en réalité que broutille … Pourtant à mes yeux c’est un souvenir impérissable… Une lueur qui restera à jamais dans mon petit cœur puisque que c’est avant toutes choses… Un bout de mon enfance.

Nous sommes le 18 décembre 2010 et malgré le froid qui englobe la France, la neige qui tombe sur la capitale, je me prépare à retrouver celle qui berçait mes après-midi de bambin… Dorothée.
Pour mieux comprendre cette jolie petite histoire, il faut remonter à l’hiver 1990. En ce temps là je n’ai que trois ans, pas de soucis dans la tête ou de devoirs dans mon cartable… Juste mon vieux magnétophone à cassettes pour écouter cette chanson qui est sur toutes les lèvres à l’école maternelle : Hou la Menteuse.
J’habite avec Papa et Maman dans un petit HLM de Noisiel et il n’y a qu’une seule émission que je ne raterais pour rien au monde… Tous les après-midi je m’assois confortablement dans le canapé au côté de Maman tout en mangeant mon pain au chocolat accompagné d’un verre de jus d’orange. Nous regardons ensemble : Le Club Dorothée. Aujourd’hui, Papa rentre juste à temps pour voir la fin du show télévisé qui se termine ce soir par « Tremblement de Terre ».


Le mercredi après-midi de cet hiver 90, Maman me prépare une sortie tout à fait inattendue sur Paris. Mais je n’ai nullement envie de sortir. Alors je boude. Car en réalité elle me fait rater le Club Dorothée Spécial Bercy présenté par Jacky, Ariane, Corbier et Patrick. Après 40 minutes en RER à bougonner, j’arrive devant le fabuleux POPB, je comprends rapidement que Maman vient de nous offrir deux places pour le spectacle. Je pourrais vous raconter ce moment de bonheur à regarder Dorothée sur scène mais je vous mentirai car en réalité je n’en ai absolument aucun souvenir…Celle qui s’en souvient le mieux, c’est Maman. J’adore lorsqu’elle évoque encore avec nostalgie cet après-midi, elle avait pris les places les moins chers, perchées au sommet de Bercy. Car dans le fond elle craignait que je sois bien trop petit pour aller à un concert mais nous tentâmes l’expérience. La suite vous vous en doutez… c’est que je ne suis pas resté sur ma chaise un seul instant et j’ai dansé, sauté avec papa nounours sous le bras et le micro de mon magnétophone à cassettes dans les mains pour chanter avec Dorothée « Allo Monsieur L’ordinateur » ou encore « Maman ». 
Bercy 90 est passé, j’ai maintenant 4 ans, et les compacts disques remplacent peu à peu les cassettes. Pourtant cet été là sur les routes de Provence, dans la voiture de Tonton Jean Pierre, j’écoute à tue-tête sur le radio cassette « Chagrin d’amour », entre deux vomissements dans les herbes hautes des ravins qui abritent les cigales chanteuses (oui j’ai toujours été malade en voiture !). Pour consoler mon petit cœur de ces trajets insupportables, Tonton m’achète mes premiers compacts disques (je vous le donne en mille) : « Dorothée et le jardin des chansons ». 
De retour à Paris, une nouvelle année scolaire redémarre. Chaque dimanche je retrouve le sourire devant "Pas de Pitié pour les croissants" et "Terre Attention Danger". A l’approche des fêtes, à l’école, cette peste de Charline me pousse d’un banc dans la cour de récré. Résultat, fracture au bras et une grosse frayeur pour tout le monde. Moi dans le fond ma seule grosse peine aura été de rater la venue du père Noël à la cantine pour sa traditionnelle distribution de chocolats. Pour remonter mon petit moral, Maman s’empresse de me montrer le télé 7 jours qui ne quitte jamais la table du salon. Dorothée est en Prime time pour le réveillon de Noël dans une émission musicale intitulée « Le cadeau de Noël ». C’est donc en toute évidence que ce 24 décembre se déroule devant TF1. Dans mon assiette il y a un steak et des pommes noisettes, j’ai même droit à mon verre de champomy. Papa et Maman eux ont un repas certes plus adulte pourtant ce soir, nous sommes tous les 3 des enfants en attendant l’arrivée du Père Noël à Noisiel. 


Comme tous les 25 décembre, il y a l’ouverture des cadeaux sous le sapin et une nouvelle fois Dorothée est de la partie avec le CD "les Neiges de l’Himalaya". Tout en découvrant mes cadeaux, les uns après les autres, je ne pense déjà plus qu’à une chose : l’arrivée de Mimi, la vieille cousine de Papa. Je la considère un peu comme ma troisième grand-mère et ce que j’aime le plus chez elle, c’est qu’elle adore Dorothée. Dès que l’interphone sonne, j’accoure avec mon nouveau Cd dans les mains. Mimi arrive toujours les bras chargés de bons plats achetés par ci par là. Et même si j’adore toutes ces attentions qu’elle nous porte, il n’y en a qu’une chose que j’attends avec impatience : c’est de chanter avec elle les chansons du nouvel album de Dorothée.
Pendant que je fredonne ces mélodies sur les genoux de Mimi, elle sort discrètement de son sac quatre billets pour Dorothée Bercy 92. Quelques semaines plus tard me voilà de nouveau au POPB avec Papa, Maman et même Mimi. On a chanté et rigolé sur "Les Neiges de L'Himalaya" ou encore "Attention Danger"… J’ai même rencontré Dorothée car je ne pouvais pas lui offrir la traditionnelle rose à cause de mon bras dans le plâtre, j’ai pu donc rejoindre les membres du club Dorothée dans les coulisses pour la lui remettre... (La classe non ?)
Nous sommes en 1993, et je me demande toujours pourquoi, je ne suis pas dans le générique des anniversaires Club Dorothée… (Chose que je comprendrais bien plus tard… Car oui, je n’avais pas ma carte de membre donc ça ne risquait pas ! Je sais… J’ai toujours était un garçon très bête). Cette année-là Dorothée chante « Une Histoire d’Amour », Mimi et Maman s’empressent de m’emmener la voir dans Bercy 93. Papa prépare notre départ du petit HLM pour un appartement plus grand à Noisiel. Tous les soirs avec Maman notre petit rituel ne faiblie pas, nous regardons ensemble les programmes AB (Hélène et les Garçons, Premier baiser, Salut les musclés…).
L’été 93, un nouveau chez nous et aussi une nouvelle école, j’ai désormais 6 ans, et pendant que Papa et Maman repeignent les murs de notre nouvel appartement avec Tatie et Mimi, je redécouvre dans les cartons tous les anciens CD de mon idole favorite. Je rentre à l’école primaire et me fais une nouvelle camarade de jeux : Marine qui est aussi ma voisine. Maman m’inscrit dans le même temps au conservatoire de musique dont je suis les activités le mercredi après-midi. Certains pourraient penser que j’abandonne mon rendez-vous avec le Club Dorothée... pourtant même s’il m’est impossible de le regarder dans sa totalité, il y a toujours cette place si particulière pour mes copains préférés.




En 1994, je vais sur mes 7 ans. Dorothée voit trèèèèès loin dans le temps et chante "2394". De mon côté je découvre les joies de l’école et des devoirs à rallonge. Mimi vient presque tous les dimanches, notre rituel de chanter les chansons du passé reste intact. Pourtant mon attrait pour le Club Dorothée diminue et je passe plus de temps chez Marine à jouer et discuter, qu’à regarder la télévision. Mimi m’offre à nouveau des places pour voir Dorothée à Bercy. C’est avec Maman et Papa que je me rends au POPB pour danser, chanter, crier et hurler ! Un spectacle qui restera dans ma mémoire à jamais… Un moment magique qui ne présageait en rien que je ne reverrais pas Dorothée sur scène pendant 16 ans. 
Les modes passent, les musiques changent et les enfants grandissent, Marine se trémousse sur les airs des Spice Girls quant à moi je voue une passion sans faille pour les Pogs et les billes. Les mercredis se déroulent désormais de la sorte, matin cours de solfège, après-midi, cours de trompette et cours de chant. L’école devient de plus en plus omniprésente et les devoirs sont certainement mon fardeau pour la décennie à venir. Mais le Club Do n’est jamais très loin, ma cousine Caroline se passionne toujours autant pour Hélène et vient depuis le sud de la France pour la voir se produire sur la scène de Bercy. (Il allait de soi que j’étais de la partie avec Papa et même Marine). Un après-midi chez Marine, je découvre le nouvel album de Dorothée "Nashville Tennessee", où celle-ci entonne fièrement "je suis Folle de Vous". Maman regarde désormais seule l’émission du Club pendant que je suis au conservatoire. Elle m’enregistre minutieusement les séries qui m’intéressent et surtout les chansons de Dorothée. 




En 1996, j’ai 9 ans et je passe mes après-midi avec Marine à espionner les rencards foireux de mes voisins adolescents Michael et Stéphane qui retrouvent sur la colline derrière l’école, des filles super top gomore, avec leurs Reeboks roses, leurs vestes en jeans, et leurs salopettes beige. Caché derrière un buisson, Marine pouffe de rires tandis que je dévore un sachet de m&m's. Ce soir comme depuis plusieurs soirs déjà, je ne regarderai pas le Club Dorothée. Mimi vient toujours me retrouver avec Papa et Maman. Mais désormais alors qu’ils boivent des cafés noirs tout en jouant au rami, j’attrape un mazagran pour faire de même, accompagné d'une larme de lait et ainsi jouer les grandes personnes en parlant de l’école. "Les chaussettes rouges" et jaune à petit pois, "les Neiges de l’Himalaya" ou "Ho doulou" resteront dans ma chambre cet après-midi, car Mimi préfère désormais m’entendre jouer des petit airs de jazz à la trompette.

Les premiers voyages et les premières fêtes de 1997, je pars en classe de découverte. Papa, Maman et Mimi m’accompagnent au bus qui nous attend à 19h devant l’école. Mimi me glisse un morceau de sucre dans la poche pour mon mal de transport récurrent. Martin mon nouveau camarade de classe est impatient, nous allons partager notre chambre et c’est la première fois que nous laissons les parents derrière nous. Arrivé en Lozère avec ma classe, je fête mes 10 ans et pour l’occasion l’institutrice prépare une fête dans le hall du centre. Les musiques ne sont plus les mêmes. On se trémousse sur la Macarena ou les tubes des boys bands… Pas une minute je ne pense à Dorothée… Il semble évident que j’ai grandi. Elle chante toujours "Bonheur city", je l’aperçois çà et là de temps en temps sur le petit écran, espérant qu’elle bercera aussi la génération qui me succède. 
L’été a toujours été l’occasion de partir et se retrouver en famille chez Mamie et Papi dans le sud de la France. Mais au milieu de mes jeux derniers cris, les tamagotchi et autre Furby, je découvre avec étonnement sur le programme télé de mes grands-parents cet article : Le Club Dorothée ferme ses portes. En rentrant à Noisiel, le 30 août 1997, je vais faire quelque chose qui ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Je vais m’asseoir dans mon canapé, un pain au chocolat et un verre de jus d’orange sur la table, je vais allumer la télé pour un ultime Club Dorothée. Dans le fond je n’ai pas compris que c’était la fin… j’étais tellement à mille lieux des polémiques qu’essuyait le programme. Des polémiques (d’ailleurs) qui peuvent faire doucement rire quand on regarde le contenu de la télé d’aujourd’hui. Ce n’était pas possible. Partagé entre ma croissance et mon enfance désormais orpheline, je regarde donc Dorothée chanter "Un jour on se retrouvera."



En 2003, J’ai quitté Noisiel… Et Mimi nous a quittés. Le dernier maillon qui me liait aux années de Dorothée semblait perdu à jamais. Ma belle, ma jolie Mimi… Devais je à mon tour lui chanter un jour on se retrouvera ? Je n’ai jamais dit à Papa et Maman à quel point sa disparition m’avait affecté… J’ai préféré sembler fort et… Survivre. Alors que je voyais peu à peu les gens que j’aime mentir, changer ou partir, il me semblait évident que Dorothée avait fait de même… On ne se retrouvera jamais.

En 2010 j’ai 23 ans. Marine a accouché d’un petit garçon, Papa et Maman vivent désormais seuls et je travaille d’arrachepied sur mon roman tout en alliant une vie professionnel, d’abord artiste pour Mickey, puis conseiller de mode pour Marni, me voilà hôte d’accueil dans le siège social d’une grande banque. Cette année-là, Dorothée revient et redonne à mon cœur une bouffée de bonheur. Je n’ai pas le temps (hélas) d’aller la voir à l’Olympia. Pourtant comme si j’avais vaincu le temps, j’écoute "Coup de Tonnerre" entre "I gotta Feeling" des Black EyedPeas et "Telephone" de Lady Gaga.
Nous revoilà donc le 18 décembre 2010. Malgré le froid qui englobe la France et la neige qui tombe sur la capitale, je suis là devant Bercy. Il me vient tout à coup à l’esprit que moi aussi, je n’ai pas remis les pieds au POPB depuis la fin des années AB. En donnant mon billet à l’entrée, puis en traversant les longs couloirs de Bercy, toutes mes pensées sont tournées vers mon enfance… D’abord Maman et Papa qui gardent avec nostalgie l’image d’un programme familial qui m’a vue grandir… Tonton Jean Pierre et les routes de Provence gravés pour toujours sur une vielle cassette de Dorothée à la bande grésillante… Marine et une amitié aussi dansante que Rock’n roll… Et surtout Mimi que je porte ce soir plus que jamais au plus près de mon cœur. Désormais je repense à cette promesse qui prouve malgré l’absence de celle autour de qui tout cela s’est construit, que la vie nous offre parfois… bien plus que du Bonheur.

A 20h45 les lumières s’éteignent. La salle en délire scande le nom de l’idole d’une génération… Et un spectacle de folie commence. J’ai assisté à bon nombre de concerts, mais bizarrement l’ambiance n’a jamais été aussi folle que ce soir. Et il fallait être là pour réellement se rendre compte du phénomène, pour comprendre cette marque que Dorothée a laissé dans les mémoires.

Alors que cette histoire se termine, vous comprendrez peut être que je ne vous ai pas raconté celle de Dorothée… Car ce que les gens mal intentionnés ne comprendront jamais dans ce drôle de récit, c’est qu’il ne s’agit pas d’elle, ni de nous, ni de ce qu’elle est ou ce que nous étions… Il s’agit juste de l’enfance. De cette marque qu’elle laisse. Et comme bon nombre d’enfants de ma génération, c’est Dorothée qui m’a tenu la main pendant ce voyage. Voilà le rôle qu’elle a tenue auprès de nous, ni plus ni moins… Mais c’est déjà beaucoup.

La marque de cette enfance avec toi Dorothée, c’est des chansons, c’est un magnétophone à cassettes, c’est Papa et Maman rien que pour moi, Mon nounours qui danse dans mes bras, Mimi qui chante tout bas… Tu resteras ce petit bout de femme, ce lien indéfectible, ce pilier qui nous a tant de fois soutenu. Et puisque ce soir le temps n’a plus vraiment de sens j’ai envie de te dire que Je suis fou de Toi et à présent j’en suis sûr… Demain on se retrouvera. 




2 commentaires:

  1. Je n'ai jamais eu la chance de la voir en concert... mais j'avoue que je ne sais pas si j'aurais tenu le coup émotionnellement en l'écoutant chanter !!
    C'est sûr que ça renvoi à une période où tout paraissait simple.
    L'autre jour je patientais à la caisse de Cultura et devant moi il y avait une maman avec son petit garçon qui devait avoir 5-6 ans. Il faisait un caprice, et sa mère tenait bon en tentant de chercher son porte monnaie dans son sac.
    La caissière a dit au petit garçon "si tu es sage je te donnerai un cadeau". Alors le petit s'est tenu à carreaux le temps que sa maman ait fini de payer. Puis la caissière s'en va dans une pièce et revient avec le cadeau pour le petit. Un sac de bille. De jolies billes en plus.
    Le gamin a regardé le sac, sans avoir cette étincelle d'avoir reçu un trésor unique. Il s'est tourné vers sa maman et lui a dit "C'est quoi ?" et sa mère de répondre "c'est comme la pétanque mon chéri, tu peux jour avec à l'école avec tes copains pour gagner d'autres billes plus jolies".
    Le petit garçon a réfléchit un moment, puis s'est tourné vers la caissière "c'est nul j'en veux pas, qu'est-ce que tu as d'autre ?".
    Au final le petit est reparti sans cadeau...
    De voir ce sac de bille m'a rappelé combien j'adorais ça à l'école, à trouver un trou dans le bitume de la cours de récré et de jouer avec les copains pour gagner/perdre nos plus beaux spécimens...ou à faire des circuits dans la terre et le sable avec papy pour jouer dehors les chaudes journées d'été.
    Je me suis permis de dire à la caissière à l'air penaud "vous savez, je crois que si vous m'aviez offert ce sac de bille, j'aurai été le petit garçon le plus heureux du monde".
    Elle a sourit, moi aussi. Ce sourire voulait exprimer un certain réconfort, mais au final je crois qu'elle et moi venions de nous prendre une claque générationnelle mémorable.

    Cette petite anecdote pour te dire que je suis content d'avoir connu le Club Dorothée, et tout ce qui va avec !

    Super témoignage en tout cas, j'ai bien ri en découvrant les liens youtube...

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    1. Je reste convaincu que l'enfance reste la période où l'on se forge les souvenirs les plus fondateurs. Je m'inquiète souvent de voir les enfants toujours sur leurs écrans, ne plus jouer et interagir ensemble. Mais malheureusement nous devenons tous comme cela. J'espère vraiment qu'un jour nous réapprendrons tous à regarder ce que nous avons face à nous (et pas uniquement au travers d'un smartphone ou d'une tablette)

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