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mercredi 28 décembre 2016

Chronique 2016 : L'ange de Noël

Avant propos de la chronique : 
Cette chronique a été écrite dans la nuit du 24 au 25 décembre 2016. Alors que je fête Noël comme d'habitude auprès de ma famille... Une chose inhabituelle se produit... Je me rends pour la première fois à la messe de minuit. Quel étrange besoin me pousse à l'église ce soir, moi qui d'accoutumé me sens si étranger dans la maison du "seigneur". 


Ce soir, il m’est arrivé quelque chose d’assez fou. 
Après le souper du Réveillon, peu avant minuit, avec ma mère et ma grand-mère, nous avons pris nos manteaux, noués convenablement nos écharpes et nous sommes descendus à l’église du village. Je me suis laissé guider par le son des cloches, moi qui d’ordinaire ne les entends jamais. 
Elles annonçaient un événement, une communion, un recueillement, une parenthèse dans nos vies si pressées et haletantes. 

En entrant dans l’église, je fus surpris de voir tant de monde réunis, moi qui n’avais jamais vraiment pris la peine de passer par là. J’ignorai presque pour quelle raison j’avais suivi l’appel des cloches. Il était là, au pied de l’autel, couché dans la mangeoire, sous l’oeil bienveillant de Marie et Joseph, cet enfant que l’on célèbre depuis des siècles.   

Lorsque les chants ont commencés à caresser les murs de l’église, j’ai compris pourquoi, ce soir, plus que n’importe quel autre soir, j’étais venu jusqu’à elle. J’avais besoin de croire, de sentir l’amour et le partage des Hommes après cette année si tourmentée. 
De chants en chants, j’ai pensé à toutes ces personnes qui me sont chers, à ceux qui ne sont plus là mais qui reviennent près de mon coeur en cette nuit si particulière. J’ai repensé aux épreuves que « dieu » a mis sur ma route… Quel soulagement, quelle chance d’être arrivé jusque là et de célébrer à nouveau Noël auprès de ceux que j’aime.

J’ai souvent le sentiment d’être un chien dans un jeu quille lorsque je rentre dans les églises. Elles me fascinent, m’interrogent, me questionnent sur cette harmonie subtile entre la foi et l’art. L’artiste est forcément spirituel et le spirituel ne toucherait que peu de monde sans le talent des artistes. J’ai souvent le sentiment d’être un exclu lorsque je rentre dans une église, de ne pas être le bienvenue… De part mes convictions profondes, mes différences et mes positions contraires à ses dogmes. 

Mais paradoxalement je me sens proche de cet enfant dans la crèche, je sens son amour, sa bienveillance et j’entends son message d’ouverture et de partage qu’il a porté jusqu’à la croix. Ce soir, dans cette église, pour la première fois j’ai le sentiment d’être chez moi … Car ce ne sont pas les Rois, les puissants, les importants qui ont trouvés l’enfant dans la mangeoire le soir de Noël… Ce sont les pauvres, les bergers, les oubliés, les exclus. Cette fable nous ramène vers ce message d’ouverture que Jésus a porté et que parfois « l’Eglise » bien trop bourgeoise semble oublier.

Ce soir, près de la crèche et de l’enfant roi, je chante, je m’autorise à y croire un instant… A me sentir légitimement comme l’un de ses fils… A célébrer Noël dans son entièreté. Une émotion a envahi mon coeur, quel bonheur de se retrouver les uns, les autres, d’oublier les différences et les barrières. Quel bonheur de partager ensemble le vin chaud, les mandarines et le pain d’épice. 

Oui en cette nuit, j’ai laissé l’ange de Noel me guider jusqu’ici, m’emplir de joie et de force. J’ai laissé l’ange de Noel m’autoriser à croire que j’avais ma place dans cette église, au pied de la crèche et que sa maison serait pour toujours ma maison. 

Dans le froid de l’hiver j’ai eu une pensée ému pour ces bouleversements que la vie a amené jusqu’à moi : L’émancipation de mon écriture, mes recherches sur les Amérindiens, mon engagement pour les migrants, ma correspondance avec Ahmad, Nicolas, Marja et les autres, mon affection pour mes amis, ma famille… Et l’annonce d’une nouvelle vie prochaine à écrire avec passion et affirmation. 

En regagnant la maison, nous fredonnons « il est né le divine enfant » tout en mangeant nos mandarines. J’ai savouré cet instant, j’ai posé avec amour, un regard neuf, que je n’avais peut être jamais posé sur ma mère et ma grand-mère… Tout en prenant conscience que c’était peut être le dernier Noël où je serais auprès de ma petite famille. Mais je n’ai pas peur, je n’ai pas de chagrin car l’ange Noël accompagne et accompagnera toujours mon coeur peu importe où je serais, peu importe les gens que je rencontrerai… Peu importe l’église dans laquelle je me laisserai guider…       

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