Chronique 2016 : Le héros invisible

Le héros invisible 

Ecrire est un exercice complexe qui demande de la concentration et un vocabulaire assez riche. Je  reste persuadé que tout le monde est capable d’écrire… Ce n’est pas un exploit. il s’agit d’un mécanisme assez simple consistant à s’épancher sur une feuille de papier.

En revanche, écrire une histoire, demande de l’imagination et une certaine culture du « tenir en haleine ». C’est un vrai travail, un engagement assez fort… On imagine sans cesse la réaction des futurs lecteurs et on donne vie à des personnages qui s’invitent dans notre quotidien.

Il faut être un peu fou pour devenir écrivain. Lorsque l’on accepte cette fonction, on accepte de vivre deux vies : une réelle, sans doute peu attachante et une autre totalement imaginaire et exaltante. Il faut avoir un moral d’aplomb pour jongler avec ses deux vies et pour faire en sorte que l’une ne dévore pas l’autre. 

Beaucoup de personnes de mon entourage s’inquiètent de me voir seul depuis tant d’années. Ils ont vu mes échecs sentimentaux, mes doutes professionnels et surtout l’absence de résultat en ce qui concerne l’écriture. Ils aimeraient me voir construire une vie solide avec quelqu’un près de moi au quotidien. 

Mais ces personnes ne voient que la partie haute de l’iceberg. Car en réalité, lorsque le soir je range mon costume de vendeur au placard, je retrouve mes héros invisibles. Ces personnages que j’ai mis tant d’années à créer et qui m’apportent réconfort et tendresse. J’ai appris à vivre avec eux… J’ai accepté de leur donner la part la plus importante de mon intimité. 

Ce sont des héros encombrants. Il laisse peu de place à quelqu’un pour s’installer dans ma vie. C’est un fait que j’ai accepté… Et je suis loin de me sentir seul. Mes héros invisibles sont des êtres (imaginaires) très important à mes yeux. Ils m’ont accompagné dans les bons comme dans les mauvais moments. Ils ont évolués en même temps que moi. Il m’ont même fait gagner en maturité.

J’ai appris grâce à eux à prendre du recul pour toujours voir la vie dans son ensemble. Ma tête est remplis d’histoire mais vide de tous les superflus. Si mes histoires avancent à leur rythmes, il est vrai que j’avais quelque peu délaissé mes chroniques. Je n’étais plus très sure qu’elles trouvent encore un sens. Car depuis peu, mes chroniques ont perdu l’un de leur héros. 

Difficile de continuer à sonder mon âme sans le Doctor Love à mes cotés. Lui qui était entré dans ma vie comme le plus facétieux des éléments perturbateurs. Il était peut être au fil du temps devenu un personnage mais c’était avant tout un véritable ami. Rien ne m’empêchera de continuer à écrire même si l’histoire semble s’être arrêtée. Désormais les Chroniques aussi ont leur héros invisible. Un absent qui garde toute son importance…