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lundi 4 avril 2016

Chronique 2015 : Le carton de livres

Avant propos de la chronique : 
Ecrite durant l’été 2015, peu après mon retour d'un séjour au Pays Basque. Cette chronique est un hommage à la transmission, à l’héritage que les gens nous laissent. Même si elle a pour sujet un carton de vieux livres, son message est bien évidement une déclaration d’amour à mon grand-père et à l’héritage culturel qu’il m’a légué.  



Le carton de livres

Lorsque les gens s’en vont, nous quittent pour toujours, nous avons tendance à nous raccrocher au moindre petit détail qu’ils nous auraient laissés : Un souvenir confus, une photographie légèrement abîmée ou un parfum diffus et éphémère. 

Le vide que mon grand-père a laissé derrière lui est si particulier qu’il m’est presque impossible de vous le décrire. Il est contradictoire et irraisonné, un peu à l’image de la relation que j’ai pu avoir avec lui durant mes jeunes années.

Mon grand père était un homme posé, toujours discret. Il aimait la droiture et la discipline. Ancien militaire et professeur de sport, il avait des convictions très arrêtées sur l’éducation. Je savais, rien qu’à son regard, lorsqu’il trouvait mes parents trop laxiste avec moi… Mais il ne se permettait aucune réflexion, aucun commentaire… Il restait silencieux et c’était sa force : Le calme.  

Derrière son imposante carrure, se cachait un homme plutôt sensible. Pour lui, sensibilité rimait avec culture… Il m’a appris que l’émotion était une pédagogie, qu’être cultivé nécessitait de la rigueur… Mais que cette rigueur était la clé pour savoir reconnaitre « le beau » dans chaque chose. 

C’est sur cette unique détail que nous nous sommes retrouvés. Sa soif de connaissances me fascinait. Il pouvait passer des heures à lire un journal, un recueil de poèmes ou un roman. Il était toujours fidèle à lui même, silencieux et droit, assis devant son secrétaire. 

Je ne lui ai jamais parlé de ma passion pour l’écriture. Lui qui aimait tant les livres. J’aurais eu trop peur de le décevoir, de ne pas être à la hauteur de l’exigence qu’il attendait dans un texte. Impossible de le savoir désormais. Quand mon grand père nous a quitté, il y a deux endroit de la maison qui se sont endormis avec lui… sa bibliothèque où j’aimais parcourir les poèmes de Victor Hugo et son secrétaire où il rangeait tout si soigneusement. 

Mais aujourd’hui, une part de mon grand père est venue jusqu’à moi. Dans un grand carton bien scellé, ils étaient tous là… Les livres qu’il chérissait tant. Ma grand-mère voulait depuis longtemps me les offrir… J’étais partagé entre joie et tristesse. La joie de pouvoir redécouvrir ces ouvrages qui représentaient tant de choses à mes yeux. La tristesse de savoir que désormais cette bibliothèque qui symbolisait tant mon grand père resterait à jamais vide. 

Ce cadeau que venait de me faire ma grand mère représentait beaucoup. Nous les Basques, nous sommes des gens au grand coeur mais nous détestons nous attarder sur les sentiments… Je savais bien que ces livres étaient une preuve d’amour même si ma grand mère a prétexté vouloir faire du rangement. 

Lorsque les gens s’en vont, nous quittent pour toujours, il est normal de s’accrocher au moindre petit détail qu’ils nous auraient laissés. Ce soir, j’ai retrouvé une part de mon grand père. Il est là près de moi, au coin des pages, au fil de ces odeurs de vieux papiers désormais soigneusement rangés sur les étagères de ma bibliothèque. 

2 commentaires:

  1. Je trouve que les livres sont le meilleur héritage que l'on puisse avoir d'une personne...Comme s'il y avait un morceau d'âme dans chaque bouquin, et que chaque bouquin avait quelque chose à raconter ou à transmettre.
    D'ici quelques générations cela n'existera peut-être plus car nous voilà dans l'ère du numérique. Et même si le papier a de nombreux adeptes qui résistent, les générations futures n'auront peut-être plus rien à transmettre à part des données...

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    1. J'aime les livres. J'aime parce qu'ils portent en eux une histoire mais deviennent eux même des histoires. Ils s'abîment, jaunissent, se craquellent par endroit. Il est toujours interessant de se demander dans quelles mains ils sont passés, quelles émotions ils ont rencontré. Dans chacun de mes livres, j'appose toujours un mot, pour ne pas oublier l'émotion qu'ils m'ont procuré et dire à ceux qui reprendront ma collection (un jour) que je suis passé sur le chemin de leurs histoires.

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