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mardi 20 octobre 2015

Chapitre 1 (Le Journal d'un auteur perdu)



Cher Journal... J'ai démissionné 
Juin 2010,
Je viens de démissionner… Comme ça… Sur un coup de tête. Tout le monde est assez surpris je dois l’avouer. Il faut dire que cela fait quatre ans que je travaille pour ce parc d’attraction. La plupart de mes collègues pensaient certainement que je crèverai ici. Mais c’est sans compter sur mes projets…
Avant toutes choses, ce que vous devez savoir sur moi c’est que lorsque j’ai une idée en tête, je suis capable de déconstruire ma vie toute entière pour la concrétiser. Certaines personnes en font malheureusement les frais… Tenez, par exemple, l’année dernière, j’ai jeté la vie que tout le monde rêverait d’avoir à la poubelle. 
J’avais un petit ami brillant, il s’appelait Charles, nous venions d’emménager dans un charmant appartement après trois belles années de relations. Mes parents adoraient Charles et les parents de Charles m’adoraient.  Notre avenir était tracé : nous aurions eu une vie paisible, un mariage (lorsque le mariage gay serait légalisé), puis une maison, un chien que l'on aurait appelé Spooky et on se serait trouvé des surnoms ridicule du genre Poupou et Nounou. Mais une ombre maléfique est venue planer au dessus de nos têtes : celle des rêves inachevés. 
En défaisant nos cartons, j’ai eu le malheur de retrouver des ébauches d’écriture du temps du lycée. Des bribes de mes contes et de mon roman d’héroic-fantasy inachevés, presque mort tant je les avais oubliés. 
Charles ne m’avait jamais soutenu dans mon désir d’écrire et de réaliser mes rêves d’auteur. Lorsqu’il tomba à son tour sur mes écrits, la seule chose qu’il trouva à dire fut : « Tout ça, ça peut partir à la poubelle sans regret ! » 
La suite, vous l’imaginez n’est-ce pas ?... Et bien j’ai enfermé Charles dans un carton et je l’ai jeté à la poubelle sans regret.  Cette décision m’a valu pas mal de remontrance. Tout le monde s’est demandé si je ne perdais pas la tête. J’ai déçu mes parents, détruit une famille et des projets mais je venais de retrouver mes rêves. 
Après ces mésaventures, il est vrai que je pensais ne plus rien à avoir à déconstruire pour mener à bien mes projets… Je m’étais trompé… 
Depuis quatre ans, je travaille dans l’équipe des personnages d’un parc d’attractions que vous avez surement dû déjà visiter. J’interprète avec passion des rôles inoubliables tels que Bourriquet, l’âne dépressif ou Rafiki, le babouin sclérosé qui s’appuie sur une canne… Mais mon plus grand rôle c’est Pluto, le chien fidèle.
Comme chaque soir, J’enfile cet habit ridicule et je passe entre les tables d’un restaurant plein à craquer en gesticulant bêtement. Avec le peu de vision qui m’est offert, j’essaye d’éviter les coups et les câlins d’enfants barbouillés de sauce bolognaise. C’est de cette manière que je suis tombé sur Robert, le bon papa briard qui a le sourire aussi gras que ces cuisses.  « Ahaha, viens là Pluto ! Martiiiiiine ! Prend une photo !!!! » S’écrit t-il tout en m’empoignant comme un vulgaire morceau de viande. La pauvre Martine se saisit d’un appareil photo jetable qu’elle a dû acheter en 1995 et oublier au fond d’une armoire : « Sourit Robert !!! »
Je dois l’avouer, je n’ai qu’une hâte : que cette photo soit vite prise parce que Robert est en train de me bousiller les cervicales. Après cet instant douloureux, il se tourne vers son fils et lui dit « Tu vois Jason, t’as intérêt à bosser à l’école si tu ne veux pas finir comme Pluto ! » Robert part alors dans un long rire rocailleux suivit par Martine et son fils. Quelle minute humiliante ! Là il faut que je me rende à l’évidence : il est temps que je me casse.  
A la fin de cette soirée de trop, je rends mon costume et reprends mes affaires entassées dans mon casier. Je monte avec détermination au bureau de mon manager. Il est là, comme toujours, assis devant son ordinateur, avec son éternel sourire faussement bienveillant « Tu as encore été un bon Pluto ce soir Julien ! »
« Je démissionne » Cette phrase est sortie toute seule. Impossible de l’argumenter ou de l’accompagner  d’une quelconque justification. rien d’autre n’est sorti de ma bouche… Mais cette prise de décision a eu pour effet d’effacer le sourire ridicule de Nick.
« Très bien… Tu vas nous manquer Julien… Saches que nous voulions te faire évoluer c’est dommage » me dit-il avec conviction. 
Je ne relève même pas ses dires. Je connais désormais trop bien les mensonges de ce royaume désillusionné. Je reste impassible et silencieux. Nick me tend la main pour que je lui rende mon badge. Il le pose sur la broyeuse à papier… C’est surement cette image qui me restera en tête… Celle de ma photo sur ce badge… A 18 ans avec tant d’espoir, disparaissant en mille morceaux. 
Voilà… Vous l’avez compris, j’ai une nouvelle fois déconstruis ma vie sans réfléchir aux conséquences. C’est bizarre de se dire que je ne reviendrai jamais. Aucun chemin, aucun obstacle que la vie me réserve ne me reconduira ici désormais. Je regarde une dernière fois toutes ces têtes de dessins animés dormir sur les étagères avec leurs sourires ignares.
Mon portable sonne… un SMS, c’est surement mes amis qui m’attendent : Dépêche-toi ! On t’attend ! PS : on a déjà tous bu deux bières.  Visiblement la fête a commencé sans moi. Je cours rejoindre mes amis au Annette’s Dinner, un restaurant à la sortie du parc d’attraction. Dans la précipitation, je ne jette même pas un dernier regard vers le château de la Belle au Bois Dormant. Je remonte l’avenue principale du parc, déjà déserte, tout en essayant de répondre à mon SMS.     
Vous devez savoir que la seule chose positive que ce job de personnage à plein temps m’a apporté, c’est des amis extraordinaires. Des personnes créatives et pleines de rêves semblables aux miens.Ce soir je compte bien leur annoncer que je n’ai pas abandonné mon costume de Pluto par hasard… Car je compte prendre du temps pour moi et me remettre à écrire mon roman d’Héroic Fantasy. 
J’arrive au restaurant tout essoufflé. Les confidences vont déjà bon train. Nous évoquons les amours ratés des uns et des autres autour d’une énième bière. Lorsque les plats arrivent nous parlons de Romain qui reprend ses cours en septembre. Eva, l’une de nos proches amies, ne cache pas sa joie de le voir retrouver les bancs de l’école. Il faut dire que Romain a un véritable potentiel. Pour tout vous dire, je ne pense pas connaitre quelqu’un de plus cultivé et altruiste que lui. Au milieu de ses effusions de joie, difficile d’annoncer au groupe ma démission et mes futurs projets… Je vais attendre le dessert. Mais au dessert, nous voilà tournés vers les problèmes de Sémy. Depuis un certain temps, il hésite à quitter le Royaume enchanté. Sémy a un rêve, se consacrer à l’écriture pour le cinéma. Je ne me fais pas de soucis, je sais qu’il atteindra son rêve un jour. C’est un garçon têtu et borné mais dans son cas se sont de véritables qualités. Fred enthousiaste demande à Sémy de dévoiler un peu son projet. Il part donc dans un long monologue nous révélant quelques brides de son récit tout juste né. Décidément je ne sais pas quand mon annonce va pouvoir trouver sa place ce soir ! Je profite d’une fin de phrase de Sémy qui c’est interrompu afin boire une gorgé de bière, pour prendre la parole. 
« Je viens de démissionner !» Romain, Sémy, Fred et Eva me regardent sans dire un mot. Leurs visages pâles m’inquiètent un peu. « J’ai décidé de reprendre l’écriture de mon roman… »  Moi qui m’attendais à faire l’annonce de la soirée, j’ai l’impression que cette révélation fait autant de bruit qu’un pétard mouillé. 
« Ton roman de fantaisie ? Ça fait 3 ans que tu nous parles de ce bouquin, tu devais déjà te remettre à l’écrire quand tu as quitté Charles. Moi je voudrais l’avoir dans les mains depuis le temps ! » Me lance Sémy en se levant de table pour aller fumer. 
Après tout, il a raison.Je les gonfle avec cette histoire depuis qu’on se connait. C’était en 2007 ! Et depuis tout ce temps je n’ai même pas été foutu de finaliser ne serais-ce qu’un chapitre. A dire vrai, je suis en panne d’inspiration depuis un long long moment.  Romain me confie alors ce qui l’aide à garder les idées claires lorsqu’il se confronte à une page blanche : avoir un journal à portée de main. Pour lui ce petit cahier sert avant tout à extérioriser ses doutes et ses questionnements. Voilà un procédé auquel je n’ai pas vraiment pensé mais dont l’idée me séduit étrangement.
Une fois la soirée terminée, je rentre chez moi. Non je ne vis pas dans un manoir perdu dans le Hampshire mais bien dans un studio de 20 mètres carrée avec une seule fenêtre que je ne peux ouvrir qu’à moitié. Grâce à elle, il m’est possible d’admirer cette splendide vue que tous les poètes doivent convoiter : un parking. 
Je me pose sous ma mezzanine, un calepin à la main en envisageant moi aussi de tenir un journal comme Romain me l’a conseillé. Mais l’inspiration n’est pas dans l’air ce soir. Les feuilles restent désespérément vides. Il me vient soudain une idée, assez prétentieuse, je vous l’accorde. Ouvrir un blog … Un blog où je partagerai, avec qui voudra bien me lire, mes plus intimes convictions et mes inspirations d’artiste perdu. J’attrape mon pc et je commence à me présenter sur la page d’un blog sans trop réfléchir. Je le crée jusqu’au petit matin et je le nomme sommairement : All The Little Things



Présentation (Publié sur le blog le 20 août 2010)

Je me présente, Julien, 23 Ans. La vie pourrait me paraître simple et limpide si je n’avais pas fait le choix de vivre en marge de la société. Se consacrer, s’intéresser, ou encore essayer d’atteindre son « moi » artistique n’est pas une mince affaire… C’est un combat de tous les jours que vous devez mener de front. Sans oublier de survivre dans un monde auquel on ne peut se substituer. J’espère un jour pouvoir moi aussi atteindre mes rêves.

Ecrire... Ecrire les émotions, les rencontres, les voyages, la vie, l'imaginaire... Voilà... Voilà l'Art que j'essaye d'atteindre. Mais cette passion pour les mots, pour le verbe... N'est que difficilement accessible. John Ruskin disait "L'Art est beau quand la main, la tête et le cœur travaillent ensemble." Et j’espère qu’un jour ma main, ma tête et mon cœur suivront cette voie… Mais comment les aider à la trouver ?

A travers mes chroniques vous retrouverez, les questions, les affirmations, les confidences que chaque être est en droit de se poser ou de partager un jour dans sa vie… Un jour au bord d’un chemin en attendant le bus de la chance…

Julien Gaüzère 

2 commentaires:

  1. Bonjour Julien, je suis tombé sur ton blog après avoir eu un message comme quoi quelqu'un s'est désabonné de mon fil d'actu de Twitter. Du coup, je suis allé voir qui était cette personne... Et je suis tombé sur ton blog ! J'y reviendrai un de ces jours ;) a bientôt ! PI

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    Réponses
    1. Bonjour, merci d'être venu lire quelques bribes de mon blog. En espérant t'y revoir très bientôt et même converser avec toi. Bonne soirée
      Julien G

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