Translate MY BLOG !

dimanche 6 mai 2018

Chronique 2014 : Seul avec Espelette

Avant propos de la chronique : 
Décembre 2014, déjà plusieurs mois que je suis dans ce nouvel appartement où je ne me sens pas encore chez moi. Une nouvelle page est à écrire ici. Les derniers mois ont été difficile, je ne me relève pas de la disparition de Julien, j'aimerai pouvoir encore lui murmurer combien je l'aime. Heureusement pour remonter mon moral, il y a Espelette, une petite chatte que j'ai recueilli et qui semble aussi écorchée et fragile que moi...


Ce soir, j’ai besoin d’écrire. De me laisser submerger par mes émotions, mes sentiments et mes histoires. Il y a longtemps que je n’avais pas repris une feuille et un crayon pour griffonner quelques idées. J’avais peur de me retrouver face à mes mots et leurs maladresses. 

Tout en laissant mon esprit vagabonder dans ce qu’il me reste d’imaginaire, je fixe Espelette, couchée au bout de mon lit. Elle me regarde, attentive et bienveillante. Elle ronronne, se roule et s’allonge. Elle n’a surement que faire de mes récits et mes chroniques… Pourtant elle les écoute avec attention. 

Si j’aime autant Espelette, c’est parce que nous nous sommes sauvés l’un l’autre. Nous nous sommes choisis. Je l’avais trouvé, mutilé et abandonné, elle m’avait rencontré tandis que je m'apprêtais à perdre mon ami, mon confident, mon amour et mon rayon de soleil. Nous étions tous les deux des êtres blessés. C’est peut être pour cela qu’aujourd’hui nous sommes si fusionnel et attachés l’un à l’autre. 

J’ai peur de refaire confiance à quelqu’un. Peur d’offrir à nouveau mon coeur et d’en subir les douloureuses conséquences. Alors je me préserve, j’entretiens le mystère et la distance. Je deviens aussi chiant qu’une feuille d’automne, aussi terne que la page culture d’un journal. J’écris de la merde, j’écris pour écrire en espérant écrire mieux. 

Ai-je le droit à un minium d’indulgence ? moi qui me suis privé des mots pendants plusieurs mois… Qui me suis interdit d’en poser sur mes plaies ouvertes. Pour tout vous dire, je n’avais pas tant envie d’écrire. J’avais le regard d’Espelette, son attention et sa douceur. Nous comptions l’un sur l’autre. Elle, chaque jour un peu plus humaine et moi, chaque minute un peu plus félin.

Il est toujours difficile de reprendre la route de l’écriture après un long silence. Tous les mots semblent maladroits, inexactes et pauvres. Ils sonnent creux, perdent de leur force et de leur pouvoir. Vous en arrivez presque à douter de votre faculté à écrire et à jouer avec les mots. Et si cette fois, je n’étais plus écrivain ?… Et si cette fois, mes écorchures avaient eu raison de mon modeste talent. 

Ce soir, j’écris et contre toute attente je fais revivre des histoires oubliées, des récits endormis, des chroniques inachevées. Espelette est intrigué par cette activité qu’elle ne m’a que peu vu entreprendre. Elle vient se frotter à mes jambes, poser ses moustaches au creux de mon cou en tentant d’apercevoir quel travail peut bien autant monopoliser mon attention. 

Il est peut être encore bien trop tôt pour écrire. Peut être suis-je encore bien trop blessé pour retrouver la saveur des mots. Après quelques tentatives faiblardes, je décide de refermer mes carnets de notes et mon ordinateur. Comme un rituel, doux et réconfortant, dans le noir de mon petit appartement, j’entends les petits petons d’Espelette qui se pressent sur le parquet, elle grimpe sur le lit et vient se coucher au plus près de mon visage… Me laissant pour seul berceuse, ses ronrons d’amour. 
     

Si j’aime autant Espelette, c’est parce que nous nous sommes sauvés l’un l’autre. Nous nous sommes choisit. Nous avons tous les deux encore un peu peur de ce qu’il se passe dehors. Nous n’accordons plus notre confiance aussi facilement. Nous sommes des êtres blessés mais fusionnel et attachés l’un à l’autre. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire