Translate MY BLOG !

lundi 7 mars 2016

Chronique 2014 : Je suis à Turnpike Lane

Avant propos de la chronique :
Cette chronique est restée bien longtemps cachée dans mon petit calepin. Elle fut écrite après une rupture assez indélicate (comme toute les ruptures) en mars 2014. Ayant besoin de prendre un peu de recul, j’ai rejoint une amie qui résidait à Londres, ce qui m’a permis de fuir « ma » capitale. C’est elle qui m’a fait découvrir Turnpike Lane : Ce district qui a inspiré cette chronique… 


Je suis à Turnpike Lane 

Après ta trahison, j’aurai dû pleurer, te haïr et hurler mon dégoût. Au lieu de ça, j’ai rassemblé quelques affaires… Deux, trois vêtements, un carnet, un stylo et je me suis enfui… Je suis parti me réfugier à Turnpike Lane.  

Quand je suis descendu de l’Underground, j’ai senti cette délivrance. Tu étais définitivement loin de moi. Aucune larme et aucune colère n’avaient encore pris le contrôle de mon être… Malgré cela, il pleuvait sur Turnpike Lane. Certains Londoniens disent qu’ici, on arrive toujours à contre coeur et que lorsque l’on repart, on espère pouvoir seulement revenir. J’ai envie d’y croire… De croire que Turnpike Lane m’aidera à t’oublier. 

Il est assez difficile de te décrire cet endroit. Les habitations sont sombres à Turnpike Lane. Les rues paraissent monotones et ennuyeuses. Les jardins dans les squares semblent abandonnés. Turnpike Lane aussi doit avoir des problèmes de coeur… Peut-être a t-elle croisé la route d’un menteur… Peut être a t-elle trop aimé sans compter… En remontant ces rues moroses, je réalise que nous avons beaucoup de point commun Turnpike Lane et moi… nous nous sommes négligés. 

J’ignore si c’est le temps ou peut être bêtement mon moral, mais je trouve qu’il y a une fêlure… Une tristesse palpable par ici. Turnpike Lane est déprimante… Elle me fait prendre conscience que je ne vais pas bien… Que moi aussi j’ai une fêlure, une tristesse… et même si tu es à des kilomètres, elle me murmure ton nom pour me rappeler de te haïr. 

Ne t'inquiète pas, je sais pourquoi je t’ai fui, tout comme je sais pourquoi, un jour, je suis tombé amoureux de toi. Je croyais que tu étais mon oxygène mais tu as finis par m’asphyxier. Je savais que tu serais mon futur avant de découvrir tes trahisons passés. Je t’ai fui pour m’assurer que je pourrai me reconstruire… seulement, j’ignore encore pourquoi je suis venu ici, à Turnpike Lane. 

Je te l’accorde, au départ j’émettais beaucoup de réserve sur la « chaleureuse » Turnpike Lane. Puis la nuit c’est installé par ici. Une nuit calme, encore un peu humide et venteuse. Je me suis retrouvé à The Toll Gate, un pub du quartier. J’ai commandé une bière au bar, j’ai sorti mon carnet, mon stylo et j’ai observé… c’était la fête : Des collègues de travail qui décompressent de leur journée, des amis qui se retrouvent, des couples qui affinent un premier rendez vous. Il y avait toutes les générations : des jeunes, des moins jeunes… Des gens d’ici, des gens d’ailleurs… Des gens d’ailleurs qui se sentaient d’ici et des gens d’ici qui s’espéraient ailleurs. 

C’est en m’offrant le spectacle de ces personnes que Turnpike Lane m’a redonné foi en moi. Elle m’a surtout prouvé que chez elle, les coeurs brisées avaient une seconde chance. Sous ses faux airs austères et froids, Turnpike Lane est prévenante et maternelle avec les gens qui viennent trouver refuge. 


Je jette un oeil sur mon téléphone… huit appels en absence… C’est toi… Tu ignores toujours où je suis et moi j'ignore où je vais. En revanche, je sais maintenant pourquoi je suis venu ici. En rentrant du pub, ce soir, j’ai pleuré. J’ai laissé échapper ma rage et mon chagrin. Je dois me faire une raison, tu as abandonné mon coeur… Mais je ne suis pas seul pour autant car je suis à Turnpike Lane.   

3 commentaires:

  1. Intéressant cette chronique.
    Au fur et à mesure de ma lecture, un rythme, puis un air léger s'est imposé au fil des mots pour finir tel une chanson.
    Voilà, c'est çà ce texte est une chanson qui ne demande qu'a trouver sa ritournelle.
    Yves M.

    RépondreSupprimer
  2. Il est parfois nécessaire de s'exiler en terre inconnue afin de se retrouver en tête à tête avoir soi même, comme si la fuite de tout ce qu'on connaît devient pressant et vital. De voir que cet inconnu qui nous fait tant peur est en fait le refuge idéal quand tout va mal dans sa vie, car l'on sait que personne ne viendra nous chercher dans l'inconnu...
    Très beau texte en tout cas. Même si la cicatrice qui en découle doit être importante.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avais réellement besoin de cette parenthèse loin de tout. Cela a crée un lien particulier entre Londres et moi, c'est certain. Je pensais être aimé et donner suffisamment d'amour en retour. Je suis tombé de haut. Il n'y a rien de pire que de découvrir par soi même que quelqu'un a pris votre place dans le coeur de celui qu'on aime. Mais ce voyage, cette rupture m'ont aidé à découvrir que dans cette relation de 3 ans je m'étais effacé, j'avais abandonnée des projets, des écrits, des amis même ! Cette chronique ne parle pas d'une rupture mais d'un réveil...

      Supprimer