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lundi 22 février 2016

Chronique 2015 : Je n'ai jamais...

Avant propos de la chronique :
Ce court requiem date de fin mai 2015. Il s’adresse maladroitement (sans doute) à un ami disparu. Suite à son absence, les mots, les histoires et les inspirations se sont faites rares. 
Il m’est même arrivé de croire que je n’écrirais plus jamais. Le retour s’est fait de la façon la plus étrange qui soit : Après avoir lâché prise dans ma vie et m'être retrouvé (malgré moi) dans le couloir des urgences. Cette chronique est (je le concède) plutôt courte. Elle renoue avec mes passions et accepte un deuil… En douceur. J’ai longtemps hésité à la partager sur le blog… Mais après mûres réflexions, elle fait aussi partie de mon histoire… 


Je n’ai jamais…

Je n’ai jamais vraiment écrit sur ta mort… 
Aucune chronique, aucun mot, aucune larme n’ont été assez juste, assez pure pour décrire ce vide. Je me suis contenté de cohabiter avec le silence. 
Au début, il ne faisait que marcher à mes côtés dans ces rues qui nous étaient si familières. Il me donnait de la force. Il a même réussit à me faire croire que l’épreuve de ton absence allait me faire grandir, mûrir… 
Lorsque je me suis rendu compte que le silence me mentait, comme tant d’autres avant lui, j’aurais dû le chasser, lui montrer la porte. Laisser s’enfuir la colère, les cris qui me nouaient la gorge. 

Au lieu de ça, j’ai laissé le silence s’inviter dans mon lit. Il venait me prendre dans ses bras le soir. Sans que je n’ai besoin d’argumenter, il comprenait mes angoisses, mes insomnies. Il caressait mon visage, un peu comme tu as pu le faire plus d’une fois pour me réconforter. Il a même réussi à me faire croire au plus profond de la nuit que tu étais revenu, même jamais parti. 
Lorsque je me suis rendu compte que le silence me mentait, comme tant d’autres avant lui, j’aurais dû le pousser hors du lit, lui donner un bon coup d’oreiller et hurler mon mal-être comme un loup sauvage. 

Au lieu de ça, j’ai laissé le silence envahir mes mains. Elles qui aimaient tant raconter des histoires, jouer avec les mots. Il venait de les rendre muettes…Médiocres et inutiles. Je n’ai jamais oublié le regard que tu portais à mes mains rongées par le stress. A leur manie de s’entremêler face à un doute narratif ou à l’angoisse d’une nouvelle feuille vierge. Tu savais qu’elles écriraient la vie, la mort et l’amour quoi qu’il puisse nous arriver… qu’elles resteraient libres… Toujours.  

Lorsque je me suis rendu compte que le silence m’emprisonnait, comme tant d’autres avant lui, je l’ai frappé, cogné de toutes mes forces.  La violence  est sortie de mes doigts… Puis sans comprendre pourquoi j’ai laissé s’enfuir la colère et les cris qui nouaient ma gorge. 

Je n’ai jamais écrit sur ta mort… Pensant naïvement que tout cela passerait avec le temps…Avec le temps qui m’a fait croire que je serais incapable d’écrire à nouveau. 
Mais j’ai vaincu le silence. 
Je pense que je n’arriverai jamais à écrire sur ta mort. Mais ce soir, j’écris tout court et j’espère qu’à tes yeux c’est déjà une victoire. 



2 commentaires:

  1. Ce n'est vraiment pas simple de franchir les différentes étapes du deuil. On peut facilement comprendre pourquoi certaines personnes sont emprisonnées dans cette spirale infernale noyées dans leur souffrance.
    Peut-être que l'écriture arrive à faire sortir le mal, comme si on effectuait une saignée pour purifier l'esprit...
    Je passe du coq à l'âne, mais ça me fait penser au dessin animé Vice-Versa, tu l'as déjà vu ?( Si non, je te le conseille il est très beau) J'adore la façon de voir à l'intérieur de nous comment les émotions régissent nos vies, et comment un ou plusieurs souvenirs heureux peuvent par un simple contact devenir tristes...
    Je fais un parallèle avec le deuil, avec tous les souvenirs heureux que tu accumules avec tes proches, et quand ils partent deviennent des souvenirs tristes car cela nous fait penser à la personne disparue...

    Difficile de trouver la force en nous pour dépasser outre pour se reconstruire un souvenir heureux.
    Alors que fait-on dans ces cas là ? Oublier la personne peu à peu, car repenser aux souvenirs communs nous fait mal ? Ou bien garder un lien émotionnel avec la personne pour continuer à la faire vivre, quitte à supporter une souffrance quotidienne ?
    Ou tout simplement accepter la mort et continuer notre route ? (bah oui pourquoi se tordre le cerveau quand ça peut être si facile)

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    1. J'ai pas mal décidé de continuer à le faire vivre à travers certaines de mes chroniques. A travers les chapitres de mon Journal aussi. Je pense que je n'arriverai jamais à l'effacer et je ne veux pas que cela arrive. Cela implique peut être de vivre avec une blessures pour toujours mais peu importe. Je m'y suis habitué. D'ailleurs ma chronique de lundi lui rendra hommage...
      Je n'ai pas encore vu Vice-Versa mais tu m'a donné envie de la découvrir ! :-)

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