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mercredi 11 avril 2018

Chapitre 13 (Le Journal d'un auteur perdu)

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Cher journal... Le père Noel est une ordure ! 






Fin décembre 2010,
Nous sommes à quelques jours de Noël. J'adore ce moment de l'année. Comme le veux la tradition, Fred et moi arpentons les boutiques de décorations pour avoir les plus beaux sapins de Paris... Et même si nous chinons nos guirlandes et nos ornements dans les magasins de premiers prix, je vous assure que nos arbres de fêtes ont de l'allure !

Fred a toujours du mal à accepter que j'ai quitté mon poste au parc d'attraction. Il ne me pose aucune question sur mon nouveau travail à la banque et se contente de faire comme si nos vies n'avaient jamais changé. Coté coeur non plus, il n'est pas une oreille très attentive. Il n'est pas utile que je lui raconte mon échec avec l'animateur télé et ma rencontre avec Jules car je sais qu'il n'écouterait même pas. Dans le fond je ne lui en tiens pas rigueur... Je l'aime tellement comme il est !

Romain, de son côté, s'apprête à fêter son premier Noël avec Alex. Celui ci à d'ailleurs emménagé chez lui depuis peu. Autant vous dire qu'il y a un petit trop d'affaires chez eux actuellement. Nous avons pourtant tous décidé, d'un commun d'accord, que notre soirée du nouvel an se déroulerait chez Romain. On dit que la proximité réchauffe les coeurs... Nous verrons si cela est vrai !

Sémy pars quelques jours fêter Noël avec sa famille qui habite dans le nord, à la frontière avec l'Allemagne.
Moi, comme chaque année, je passe ces célébrations heureuses avec mes parents mais cette année nous avons quelques invités. Ma tante (la soeur de ma mère), mon oncle et mes trois cousines viennent depuis le sud ouest pour réveillonner avec nous.  

A la banque de la rue Bergère aussi un parfum de fêtes s'installe. Un grand sapin trône dans le hall. Une estrade a été monté tôt ce matin pour le discours de fin d'année du directeur général. Ce soir je dois rester pour la préparation de ce vernissage. J'espérai le faire en compagnie de Zahara mais Madame Zeitoun a insisté pour être présente à l'accueil ce soir là. Du coup  elle a donné la soirée à Zahara.

"J'aurai vraiment aimé que tu restes ! tu imagines, je vais rester seul avec Madame Zeitoun toute la soirée derrière l'accueil ! génial !"

C'est vrai, j'appréhende un peu cette soirée. Il est toujours difficile de savoir à l'avance l'humeur de Madame Zeitoun. J'espère qu'elle ne passera pas la soirée à épier tous mes faits et gestes. J'espère surtout ne pas faire de faux pas... Car elle serait capable de me virer dans la seconde. En partant, à la fin de sa journée, Zahara m'offre un au revoir désolé et positif pour me remonter le moral... Mais je vois bien dans ses yeux qu'elle n'aimerait vraiment pas être à ma place. Une fois mes dernières taches informatiques terminées, j'aide les organisateurs à placer le buffet et les coupes de champagne autour de l'accueil.

Made Zeitoun ne tarde pas à arriver, comme à son habitude, avec un air glacial et supérieur "Ne les aidez pas Julien ! c'est leur travail... Venez plutôt m'ouvrir le portique" me lance t-elle tout en regardant les serveurs de la soirée avec dédain.
Une fois entrée dans le petit carré de l'accueil, elle ne peut s'empêcher de ranger des affaires ou de fouiner dans des dossiers tout en marmonnant.

"C'est pas possible... Tout ça m'exaspère... Qu'est ce que ça fait là ça.... Rooooo heureusement que je laisse des instructions claires"

Face à ses remarques, qu'elle déblatère en me tournant le dos, mais que j'entends du coin de l'oreille, j'imagine déjà le pire lorsqu'elle va daigner m'adresser la parole... C'est alors qu'elle se contente de me dire :

" ça va, vous êtes moins bordélique et mieux organisé que mon précédent binôme à l'accueil... Mais bon... Quand même..."

En réalité Madame Zeitoun n'a absolument rien à nous reprocher à Zahara et à moi, mais cette femme est incapable de faire un compliment sincère et cela me fait sourire... Même si je fais tout pour tenter de le contenir.


Le vernissage ne tarde pas à commencer. Les collaborateurs arrivent et le directeur général de la banque prend place sur l'estrade, accompagné par de longs applaudissements. Il se met à tenir un discours auquel je ne comprends à vrai dire pas grand chose, parlant des bénéfices, des dividendes, des placements, de la reprise économique après la crise de 2008... C'est alors que Madame Zeitoun me lance une légère tape sur l'épaule tout en me tendant une coupe de champagne.

"moi, je préfère boire avant d'écouter toutes ses sornettes... Pas vous ?" me dit-elle avec un large sourire.

Ce soir, je la trouve bien sympathique et drôle. Elle finit par me parler un peu d'elle et de sa carrière ici au siège de la banque... Même si nous venons de deux mondes diamétralement opposés et que peu de valeurs nous réunissent, je dois avouer qu'étrangement, ce soir, j'apprécie sa compagnie.  En quittant la banque à la fin du vernissage, Madame Zeitoun me lance avec (pour une fois) une vraie sincérité :

" Je vous souhaite un bon Noël, et je tiens à vous dire que j'apprécie votre travail ainsi que celui de Zahara"

Le lendemain, c'est le 24 décembre. Et malgré tout Zahara et moi, nous sommes à l'accueil jusqu'à midi. Il n'y a personne dans le bâtiments, les collaborateurs sont déjà partis en week-end pour les fêtes. Nous n'avons aucun appel, aucun e-mail. Mais nous avons eu la bonne surprise de trouver ce matin sur le comptoir deux boites de chocolats venant de la maison Fauchon... Deux boites offertes par Madame Zeitoun.

"Et bien, on dirait que le père Noël lui a donné une âme" réplique Zahara tout en rigolant.

Soudain le téléphone sonne ! Nous nous ennuyons tellement que l'on se jette sur le téléphone en même temps. Mais ce n'est pas un appel professionnel, c'est ma mère :

"Bah pourquoi tu m'appelles sur le téléphone de l'accueil ?"
"C'est pour te dire que tatie, tonton et les filles sont arrivés, on part faire quelques courses pour le réveillon de ce soir..."

Je sens à la voix de ma mère qu'il y a autre chose derrière cette annonce... Elle ne m'a pas simplement appelé pour ça.

"oui ? tu as autre chose à me dire ?"
"Et bien figure toi que nous avons croisé Charles en ville... Il ne vas pas bien... Nous l'avons invité à réveillonner à la maison"

Zahara voit peu à peu mon visage se fermer et se crisper. J'aurai pu briser ce téléphone dans mes mains mais j'ai pris une longue inspiration et me suis contenté de dire bêtement.

"C'est super ! à ce soir !"

Lorsque je raccroche Zahara avoue qu'elle me trouve bien pâle et me demande de lui parler de ce Charles.

"Charles, c'était l'amour de ma vie. Je l'aimais, il faisait partis de la famille. Je l'ai rencontré lorsque j'avais 18 ans. C'était mon premier vrai petit copain. Mais au fil des années, je me suis rendu compte que je n'existais pas à ses côtés. Nous vivions la vie qu'il voulait vivre, il me façonnait à son image et je n'avais pas de place pour mes passions ou mon univers. Alors en 2008, je l'ai quitté. J'ai décidé que je devais penser à moi, même si je détruisais la famille... Mes parents l'ont très mal vécu, ils ont préféré le soutenir, alors je suis resté dormir plusieurs mois chez Romain, un ami, pendant que Charles et mes parents se reconstruisaient de leur côté. Aujourd'hui cela fait 2 ans que l'on est plus ensemble, il est toujours là... Et je n'arrive pas à me relever de cette histoire... Pourtant je voulais devenir plus fort... C'est ironique tu ne trouves pas ?"

Sans filtre je raconte à Zahara toute cette histoire douloureuse. La réaction décevante de mes parents, les rabaissements incessant que Charles me faisait et le malin plaisir qu'il a aujourd'hui à rester encré dans ma vie comme une tique qui gobe ton sang avec lenteur.

"C'est triste... Mais il faut que tu en parles Julien ! cela va finir par te détruire cette histoire"
"je sais... Mais mes parents et moi nous ne parlons jamais de sentiments alors je dois vivre avec ça désormais"


Tandis que je suis dans le métro pour rentrer à la maison et aller au réveillon de Noël avec ma famille, je reçois un message de Romain sur mon téléphone. Il semble assez stressé. Je décide du coup de faire un crochet par chez lui pour savoir ce qui le met dans un tel état. Romain est quelques peu stressé car il va présenter Alexandre au reste de sa famille pour le repas de Noël. Lui qui, depuis que je le connais, s'est tant battu pour trouver l'amour et vivre ce moment, semblait perdre pied. Je ne pu m'empêcher de sourire avec tendresse avant de le réconforter.

"C'est normal d'avoir peur... Alex c'est ton amour, tu veux le protéger et t'assurer qu'il soit accepté dans ta famille... Mais ne t'inquiète pas pour ça... Il va l'être j'en suis persuadé. Tout va bien se passer"

Lorsque j'arrive chez mes parents, toutes la famille est déjà en train de boire un apéritif avec quelques petits fours. Charles est là aussi, assit dans un coin de la pièce, le regard dans le vide. Malgré le peu de considération que je lui porte, je ne peux qu'être touché par son malaise assez palpable. Mon père me demande de l'aider à la cuisine pour ramener les coupes de champagne. Une fois seul à seul, je ne peux m'empêcher de lui demander des explications sur la présence de mon ex dans notre salon le soir du réveillon de Noël !

"Ecoute Julien ! on ne pouvait pas le laisser tout seul le soir de Noel. Son nouveau petit ami l'a laissé tombé il y'a quelques jours, sur le quai d'une gare alors qu'il allait le présenter à ses parents ! tu imagines ?!... Et puis il va falloir que tu acceptes que ta mère et moi, nous on sera toujours là pour Charles, même si tu n'es plus avec lui aujourd'hui..."

La conversation semble close puisque mon père se dirige dans le salon avec le premier plateau de coupes. Je sens une exaspération monter en moi. Suis-je le seul à trouver cette situation folle et malsaine ? Puisque je n'ai visiblement pas droit de réponse sur cette situation ubuesque, je me contente de rejoindre la famille avec le second plateau et un large sourire faussement festif.

Pour le repas, bien évidemment, les couverts ont été disposés de tel façon que je me retrouve à côté de Charles. Je fais tout pour éviter de croiser son regard... Ou engager une conversation malaisante avec lui qui viendrait m'empêcher de savourer ce festin avec plaisir. En bout de table, ma tante me fixe... Je peux percevoir qu'elle comprend aisément les sentiments qui sont les miens à cet instant précis. Elle semble aussi désolée que moi de cette situation... Mais nous gardons chacun notre silence.

Tandis que le repas se poursuit dans une bonne humeur, sur le fil du supportable en ce qui me concerne, Charles se tourne vers moi et me parle.

"Mon copain m'a quitté il y a une semaine..."

Cette phrase, sortie sans retenue, aussi brut, me fais renverser légèrement du champagne sur la nappe. Je ne sais quoi répondre... Sans vraiment réfléchir je tente de jouer les âmes attentives.

"Ah bon ? mais que s'est-il passé ?"
"Il me reproche d'être égoïste et de ne pas m'intéresser à sa vie"

Sa réponse, me fais avaler ma bouchée de bûche glacée de travers. Je ne sais quoi répondre... Et sans réfléchir, cette fois je ne prend pas les pincettes qui s'impose.

"Bah ouais... ça m'étonne pas..."

Charles, visiblement au bord des larmes, quitte la table et part dehors en s'excusant. Toute la tablée se tourne vers moi... Comme si j'étais à la fois le coupable de ce basculement et le seul apte à consoler la peine d'un ex. Un ex qui dans le fond m'avait plus étouffé qu'élevé. Je quitte donc la table pour retrouver Charles sur le perron. Il essuie ses larmes dès que j'arrive. Assez maladroitement je lui demande de revenir s'assoir avec nous.

"Pourquoi tu m'as quitté toi ? tu ne m'as jamais vraiment donné d'explication ?"

Quoi lui dire ? dans le fond je lui ferais plus de mal qu'autre chose... Lui dire que je l'ai quitté visiblement pour les mêmes raisons que son dernier copain ? Malgré les rancœurs que je porte, jamais je ne chercherai à lui faire du mal.

"J'ai besoin d'espace dans ma vie pour écrire... Pour vivre mes passions"

Cela me paressait la réponse la plus adéquate et la moins violente.

"Mais quand tu arrêteras d'écrire Julien, tu feras quoi ?"

Cette nouvelle question est finalement à l'image de notre relation. Nous ne nous comprenons pas... Et surtout Charles est incapable de voir ce qui anime mon coeur depuis bien avant notre rencontre.

"Je n'arrêterai jamais d'écrire Charles... Il y aura toujours des histoires à raconter..."

Une fois le réveillon terminé, en regagnant mon chez moi, sous les derniers flocons de neige de ce mois de décembre, je ne peux m'empêcher de craquer à mon tour... Cette soirée fut assez éprouvante pour ne rien vous cacher... Je ne peux que constater que nous nous sommes tous fais du mal dans cette histoire et que les cicatrices sont encore bien visibles... Et douloureuses.   


Les Cicatrices (Chronique publiée sur le blog le 10 septembre 2010)

L’écrivain observe, entend, écoute, enregistre. Puis il raconte une histoire, mêlant son imagination à son expérience. Elle porte nécessairement les cicatrices de son âme. John Le Carré

Il y a différents types de cicatrices. Tout au long de notre vie, nous tentons de soigner nos blessures et d’éviter les prochaines. Mais dans la réalité des choses, l’être humain n’est riche que de ses cicatrices… D’épreuves traversées, d’espoirs inachevés. 

Quels êtres serions nous sans les marques indélébiles de notre passé ? Serions nous d’ailleurs des êtres à part entière sans ces enrichissantes ecchymoses ?

Je me souviens bien de ma première cicatrice… C’était un après midi, un peu avant Noël… En ce temps là j’avais à peine cinq ans. Une plaisanterie enfantine se jouant sur le banc d’une cour d’école, m’amena à tomber à la renverse et me briser le bras. 

Je me rappelle très bien de ce docteur qui nous avait promis à Papa Nounours et moi-même, que cette cicatrice disparaîtrait avec les années. Pourtant, presque vingt ans plus tard, mon cher bras droit qui accompagne habilement mes pensées sur le papier, porte toujours sur lui cette marque maladroite et peu esthétique. 

Depuis ce temps là, j’ai cessé d'attendre que les cicatrices disparaissent. Devenons-nous des adultes dès que nous quittons la scolarité ? Ou devenons nous ces grandes personnes uniquement lorsque les cicatrices deviennent plus lourdes à porter qu’un simple sac d'école ?

Nous portons tous en nous, ce cimetière de plaies auquel nous aimons, lorsque que le temps est maussade nous recueillir un instant. Que cherchons-nous au milieu de ces ruines ? Les peines de cœur, les échecs, les deuils, les rêves piétinés. Pourquoi revenons-nous toujours dans ce jardin secret desséchés par le temps ?

Tout simplement parce que notre âme est une cicatrice… Elle est la cassure, l’entorse, le froissement de notre être. C’est sur ces terres arides d’espoirs que nos âmes puisent la force pour nous faire avancer. Il ne faut pas avoir peur de se perdre dans un désert de cicatrices.


Il ne tient qu’à nous d’en choisir la lecture…

6 commentaires:

  1. J'adore suivre tes aventures !!!! Vivement la suite de l'histoire !!!

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  2. Ce Charles il est enervant ! :-) J'espère qu'il ne vas plus t'ennuyer trop longtemps !

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    1. Oh non ! malheureusement il y a encore beaucoup de choses à dire sur Charles ! ahaha tu verras cela dans la suite...

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  3. J'adore suivre ton journal, c'est vraiment interessant de voir le cheminement que tu fais vers l'écriture. J'ai hâte de connaitre la suite de tes inspirations ! Merci pour ton partage

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    1. Merci beaucoup ! je suis content que "Le Journal d'un auteur perdu" te plaise. La suite arrive bientôt !

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